Tel Victor Hugo qui explore, à travers son œuvre magistrale “Les Misérables”, les différentes facettes et injustices de son époque; je vais vous narrer mon épopée personnelle de mon voyage d’écrivain.
Si vous avez lu mon premier article, vous avez découvert comment je me suis lancée, quelles ont été mes motivations, mes émotions durant le processus d’écriture, le temps que j’ai mis à rédiger mon roman et les conditions dans lesquelles je l’ai fait. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore prit connaissance de cet article intitulé “Vingt Mille Mots sous la Plume”, je vous invite à le découvrir sur mon blog.
L’émotion du point final
Je vais donc reprendre le cours de mon récit au point final de mon roman. Cette émotion intense et inexplicable que j’ai ressentie ce jour-là a profondément marqué ma mémoire. Cet instant hors du temps où je me remémore mon regard mélancolique fixant mon écran alors que mes doigts fatigués frappaient mon clavier pour écrire ces trois lettres F-I-N ! Trois petites lettres pour une émotion intense. Trois lettres que j’ai effacé et retapé trois fois, comme pour prolonger cette étrange sensation de vide sidéral, de joie du vainqueur, d’une longue tâche enfin achevée, d’un récit qui se termine !
Ce fut une émotion comparable à aucune autre, et sur mon échelle des grands événements de ma vie, elle se situe dans un tiercé gagnant qui inclut le mariage et les naissances des enfants. Surtout les naissances, car écrire un roman est en soi aussi une sorte de mise au monde.
Une conception rêvée
Permets moi une digression, je souhaiterais, cher lecteur, chère lectrice que tu te perdes un peu avec moi dans ma réflexion. Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être mère. Certains proches me diront que j’avais même depuis toute petite rêvé du nombre d’enfants que j’aurai. Ainsi, mon destin à parfaitement bien orchestré mes souhaits puisque des cinq enfants que je désirais, comme les cinq doigts de la main; cinq chérubins sont venus combler mes vœux de maternité ! Chacun de mes enfants a été rêvé, imaginé, désiré au sein de mon être depuis toujours, avant même leur conception.
Du rêve à la concrétisation
Il y a eu la joie et parfois la surprise d’un test de grossesse positif, puis le corps qui change, le cœur qui se gonfle d’amour, d’inquiétude, de questionnement, d’incertitude, mais surtout de bonheur. Il y a eu aussi quelques maux, quelques tracas, de la fatigue et de la lassitude. Une véritable aventure différente et unique à chaque fois. Le moment tant attendu de la rencontre est venu; l’aboutissement de neuf mois, voire de toute une vie. L’impatience des dernières heures, mêlée à un peu de mélancolie car le tête à tête avec bébé va prendre fin. Ce petit être dont j’ai été seule à prendre soin pendant neuf mois, à ressentir dans chaque cellule de mon corps va venir au monde. Larmes de joie, de fatigue, de bonheur intense; il est beau ce petit, parfait, unique et c’est à moi que revient le mérite de sa mise au monde.
Questionnement et lâcher-prise
Les premières heures seront celles de la contemplation et des questionnements. Comment va-t-il grandir ? Que va-t-il devenir ? Est-ce que d’autres que moi vont l’aimer ? Est-ce que je vais être capable de le protéger, de supporter les critiques à son encontre ? Puis, très vite, la réalisation que dorénavant, à partir du moment où il est sorti de mon sein il ne m’appartient plus mais il appartient au monde, à l’humanité toute entière.
Tu me suis, cher lecteur, chère lectrice ? Vois tu où je veux en venir en parlant de la naissance de mes enfants et en me remémorant mes émotions de l’instant exact où j’ai tapé ces trois lettres F-I-N ?
Présentation aux proches
Je suis persuadée que tu as parfaitement saisi la comparaison. Pour prolonger un peu cette extravagante parallèle, tout comme après chaque naissance, j’étais impatiente de présenter mon petit à mes proches. Ainsi, une fois mon “bébé de papier” achevé, j’avais hâte de le confier aux bons soins de mes Alpha lectrices et de connaître leurs impressions. Certaines avaient déjà entamé la lecture au fur et à mesure de ma progression, d’autres l’ont lu d’une traite. Il a fallu attendre un bon mois pour que toutes me livrent leurs commentaires et leurs suggestions de corrections. Il m’a fallu encore une semaine entière pour parcourir frénétiquement chaque chapitre de mon histoire, écran après écran, pour traquer les erreurs, les anachronismes, les fautes de langages, les phrases tordues ou inutiles et j’en passe.
Envoi aux maisons d’édition
Ainsi, la peur au ventre, mais néanmoins avec une certaine fierté, le 29 janvier, j’ai expédié mon manuscrit à une dizaine de maisons d’éditions. Il y avait grosso modo cinq maisons suisses et cinq françaises. J’avais pris soin d’écarter toutes les maisons d’édition à compte d’auteur. Enfin, presque… l’une d’elle m’avait échappée. J’avais interrogé “Google est mon ami” pour savoir quelles étaient les maisons à compte d’auteur afin de les bannir de ma liste. Puis la longue attente commença, or, je ne suis pas particulièrement patiente. Je m’étais vraiment bien renseignée sur le processus et je savais qu’il me faudrait patienter trois mois au mieux, six au pire avant d’obtenir une réponse.
Inscription sur une plateforme dédiée aux écrivains
Dans l’intervalle, j’ai découvert un site plutôt sympa qui accompagne les auteurs dans leur processus créatif. Il s’agit d’Edit&Nous. Je me suis donc inscrite et j’ai pu protéger mon manuscrit (contre rémunération, évidemment) pour quelques mois, le temps qu’une maison d’édition prenne le relai. Cette plateforme permet aux écrivains de mettre en ligne leur manuscrit pour qu’il soit proposé aux maisons d’édition intéressées. Ainsi, j’ai été contactée deux fois pour me demander si j’autorisais la lecture de mon manuscrit. A chaque demande, mon cœur battait la chamade.
Deux demandes qui n’aboutissent pas
Pour ma première demande, j’ai dû valider l’envoi, mais le manuscrit n’a jamais été lu. La deuxième a été très cordiale, et prometteuse. Je scrutais régulièrement mes mails. Finalement, une gentille éditrice m’a contactée pour me dire que mon manuscrit était très prometteur avec une histoire émouvante et une intrigue très originale et prenante…mais….oui mais ? Le manuscrit n’entrait pas dans leur ligne éditoriale ! Il s’agissait d’une toute jeune maison d’édition située en Bretagne et spécialisée dans l’édition d’œuvre en relation avec la mer ! Super, génial ! Comment mon manuscrit avait-il pu atterrir entre leurs mains ? Cela je ne le saurai jamais, mais j’ai finalement trouvé très amusant, même si sur le moment j’étais fâchée. Le point positif que j’ai retenu, c’est que la dame a tout de même lu, tout lu, jusqu’au bout et elle a aimé. Elle m’a encouragée à persévérer. C’était mon premier retour, hormis mes Alpha lectrices.
Retours des maisons d’édition
J’ai reçu rapidement quelques réponses de grandes maisons me disant qu’ils avaient déjà leur quota de roman dans ma catégorie pour l’année, que je pourrais soumettre à nouveau l’année prochaine, et blablabla…
J’ai eu deux réponses d’éditeurs qui m’ont annoncé avoir accepté le manuscrit au Comité de lecture et que je devrais patienter pour avoir leur retour entre deux à trois mois. L’un des deux me paraissait plutôt bien car il m’a envoyé de suite une proposition de contrat me disant que si cela ne me convenait pas je devrais les informer afin qu’ils ne perdent pas de temps à me lire. Je vous assure que lorsqu’on est novice c’est assez stressant comme pratique. Puis rapidement, j’ai reçu un courrier de ma maison d’édition me disant que mon manuscrit avait retenu leur attention et qu’ils allaient le soumettre au Comité de lecture. Vous imaginez ma joie et mon impatience.
“Effet Kiss cool” ou choc émotionnel
Cependant, je rêvais de me faire éditer par Albin Michel. Ambitieuse n’est-ce pas ? Plusieurs semaines après mon envoi postal (exigence de la maison) j’ai reçu un accusé de réception. Mon manuscrit était au tri pour déterminer si le Comité de lecture allait le lire ou non. Et hop, nouveau bond d’émotions.
Entretemps, j’ai reçu une magnifique réponse de mon éditeur. Il y a eu immédiatement un “effet Kiss cool” qui s’est produit en moi. J’ai lu et relu la critique reçue et les mots disant qu’ils acceptaient de me publier…..BOUM à fait mon cœur. Puis en fichier joint, se trouvait la proposition de contrat. PAF à fait ma joue en recevant la baffe qui va avec l’effet kiss cool ! J’avais tapé dans le mille…une maison à compte d’auteur ! J’ai pleuré. Ne me demandez pas si c’était de joie ou de déception, probablement un peu des deux.
Choix difficile
Un dialogue intense s’est engagé dans mon cerveau et avec mes proches. Que faire ? J’ai même contacté une auteure connue que j’apprécie énormément et qui par le passé m’avait déjà répondu pour lui demander son avis. Elle a été catégorique. Pas d’argent. Si mon manuscrit en valait la peine je n’avais pas à sortir un centime ! Je le savais pour l’avoir lu mille fois. Oui, c’est facile à dire lorsqu’on est connu et validé comme écrivain. Quand on sort de nulle part, et qu’on ne connait pas l’oncle de la tante du cousin de la grand-mère du concierge de l’immeuble ou habite le chauffeur du Ministre de la Culture, et bien court toujours ! Cette auteure magnifique par ailleurs et que j’embrasse si elle me lit (sur un malentendu elle pourrait…) m’a fortement conseillée de m’auto publier plutôt que de lâcher un centime à une maison d’édition.
De désillusion en désillusion
Badaboum ! C’est le bruit qu’ont fait mes désillusions en se cassant la margoulette sur le carrelage de ma cuisine. Il me restait une option que j’ai étudiée sous tous les angles. L’éditeur qui m’avait envoyé un contrat à valider avant lecture. Douteux tout de même comme méthode. Il s’est avéré qu’en finalité il s’agissait aussi d’une édition à compte d’auteur, bien qu’ils s’en défendent le terme, mais avec des frais “camouflés” comme l’obligation d’acheter un certain nombre de livres, de payer pour avoir une édition numérique, un plafond de tirage à 10’000 exemplaires, et j’en passe. Du coup, mon éditeur est remonté en flèche dans mon estime. Non seulement pour la qualité du contrat proposé, mais aussi et surtout pour leur transparence. La seule et unique somme réclamée est celle de la maquette du livre. Tout le reste est pris en charge.
Recherche de fonds
Il me restait un gros dilemme, je n’avais pas les fonds pour signer un tel contrat. De plus, je n’avais pas encore reçu toutes les réponses de toutes les maisons où j’avais envoyé un manuscrit. J’attendais surtout avec impatience le retour d’Albin Michel. De discussion en discussion avec mes amies et famille, on m’a proposé de me lancer et de trouver le moyen de réunir la somme demandée. Ainsi je démarra un projet sur la plateforme Kickstarter. Cette plateforme aide les projets artistiques en tout genre. Il faut fixer un budget qui inclut tout le processus créatif plus les cadeaux que l’on doit distribuer aux donateurs qui en font la demande. J’ai aimé ce concept dans le sens ou c’est tout ou rien. Soit tu aboutis le projet et tu reçois toute la somme, soit tu n’as rien. J’ai eu de la chance et beaucoup d’amis généreux, probablement les deux !
Signature du contrat
Ce processus m’a pris plus d’un mois et dans pendant ce temps, j’ai reçu la réponse tant attendue d’Albin Michel. Je n’ai pas été sélectionnée pour le Comité de lecture. J’étais déçue mais la mise en place de mon projet Kickstarter, de voir que la cagnotte montait de jour en jour, ce qui signifiait que des gens croyaient en mon projet, m’ont conforté dans mon envie d’aller de l’avant et de signer le contrat avec ma maison d’édition. Ce que je fis le jour de mon anniversaire ! Mi-mai j’envoyais la version définitive de mon manuscrit. Alea jacta est ! La première semaine de juillet, alors que mes enfants commençaient allégrement leurs vacances, je recevais la première version mise en page de mon futur livre.
Corrections au soleil
Comme je devais accompagner mes jeunes ados à leurs activités estivales, je me suis promenée pendant tout le mois de juillet avec un gros sac de plage, contenant un maillot de bain, de la crème solaire, une serviette de plage et mon ordinateur. J’ai ainsi fait des relectures et corrections un peu partout dans la ville. Sur une table de café à Carouge, à Genève Plage, au Parc de la Grange, à la Jonction, à la piscine, sur mon balcon, dans mon lit…partout ! Il y a eu trois aller-retour entre mon éditeur et moi pour les finitions ultimes, la validation de la couverture et tout le processus créatif du livre. C’était la partie la plus pénible, mais aussi la plus exaltante de l’aventure. Je voyais enfin mon livre prendre forme sous mes yeux. Il ne s’agissait plus d’un roman, d’une histoire, mais bel et bien d’un livre, mon livre !

Signature des B.A.T.
Ce fut début août que je signais les bons à tirer. Je n’avais jamais signé de bons à tirer de ma vie. C’était une sensation étrange. Je me suis sentie comme une reine signant un décret royal ! Fin août je recevais un message de mon éditeur pour me dire que mon livre allait être référencé prochainement sur les sites partenaires et que mes exemplaires allait me parvenir courant septembre. A la fin des vacances, je me suis offert une magnifique soirée avec ma sœurette, ma sœur de cœur, et tout à la joie de me découvrir en écrivain accompli, elle m’a proposé de m’offrir le vernissage de mon livre dans la galerie, espace Kugler gallery qu’elle gère.
Le mot FIN n’était de loin pas la fin…
Ainsi, alors que je pensais que mon travail d’écrivain s’achevait avec la sortie du livre, je réalisai très vite qu’il ne faisait que commencer. Je compris alors que l’écriture d’un livre ne représente en réalité qu’un tiers du travail d’un auteur. Le gros travail de promotion venait de commencer et il n’est pas prêt de s’achever. La date que me proposa ma sœurette se trouvait être à deux jours du mariage de ma fille. Deux événements d’une importance capitale, chacun unique dans ma vie. Marier ma fille aînée et inaugurer mon tout premier roman. Quelle aventure, quelles émotions !

Un baptême, un mariage et un enterrement
Je crois que je me souviendrai bien longtemps de ce mois d’octobre 2024 ! Le vernissage du livre fut un succès et un grand moment de satisfaction pour moi. Deux jours plus tard la noce de ma fille fut de toute beauté également et une grande source de joie et de fierté pour le chemin parcouru avec ma Princesse. Malheureusement, le lundi suivant je perdais ma très chère Grand-maman. Cette femme que j’ai tant aimée, qui a été une deuxième maman pour moi s’en est allée rejoindre son mari, mon Grand-père et mon cher papa parti beaucoup trop tôt !
Des rires aux larmes, ou l’inverse
Le mot de la fin sera pour dire que comme dans mon roman, la vie nous réserve parfois d’étranges surprises. Il arrive que l’on rit jusqu’à en pleurer, ou que l’on pleure jusqu’à en rire ! Je vais garder en tête deux magnifiques souvenirs de ma Grand-Maman. Le premier est celui où je lui ai dédicacé mon livre. Elle l’a serré sur son cœur, comme un précieux trésor, pour regagner sa chambre avec un sourire espiègle et les yeux tout brillants. Le deuxième et dernier souvenir fut celui de ses larmes de joie en embrassant ma fille le jour de ses noces. Elle était déjà en chemin vers la fin et avait tenu bon pour être présente parmi nous en ce jour de fête. Elle nous a fait le plus beau cadeau, hormis celui de nous donner la vie !
A ma Grand-Maman in Aeternam.
Pour ma fille; longue vie de bonheur avec son mari.
A mon livre, bienvenue sur terre pour la postérité !
Je vous dis à très bientôt.
Bien à vous…..
Stéphanie
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