Je suis issue d’un milieu modeste, avec un papa facteur et une maman au foyer. J’ai un petit frère, qui à vrai dire, me dépasse maintenant d’une bonne tête et n’a plus rien du « petit » que j’aimais materner ! J’ai grandi dans une banlieue populaire en périphérie de Genève.
J’ai eu la chance d’habiter un petit lotissement où tout le monde se connaissait et j’avais pour terrain de jeu une forêt dans laquelle j’y passais tout mon temps avec les amis du quartier.
On y jouait à cache-cache, aux « gendarmes et voleur », tel David Croquette, on construisait des camps de fortunes et des cabanes dans les arbres ou dans des trous. On imitait Tarzan en sautant d’une branche à l’autre ou Aladin et son tapis volant en se suspendant dans le vide en haut d’un arbre. On rentrait le soir chez nous, les pieds terreux, le visage poussiéreux et les genoux écorchés, lorsque ce n’était que les genoux, mais heureux et fatigué.
J’ai eu une enfance magnifique, riche en rapport sociaux, en joyeuse camaraderie, espièglerie et découverte de la nature.
À l’adolescence, j’ai poursuivi mes aventures et mon goût pour l’évasion à travers les livres que je dévorais. Mon père n’avais pas un grand niveau d’étude, mais il était cependant assez cultivé, car il était curieux de tout et aimait lire et se documenter. Il a tenu à nous inculquer le goût de la lecture, et où d’autres enfants recevaient de l’argent de poche, moi j’avais le droit chaque mois de me choisir un ou deux livres.
Ainsi, je me suis rêvée en médecin de brousse, vétérinaire dans un zoo, pédiatre dans un orphelinat, hôtesse de l’air, puis pilote, aventurière solitaire dans la jungle, skipper à bord d’un voilier ancien, Shéhérazade dans un palais oriental, naufragée sur une île déserte tel les Robinsons Suisses des Mers du Sud.
Qu’est-ce que j’ai voyagé dans ma tête et grâce à mes lectures ! Une fois le livre fermé, je refaisais l’histoire à l’envers ; je devenais l’héroïne et arrangeais la fin à ma guise. Lorsqu’il a fallu me choisir un métier, j’ai donc orienté ma carrière vers le tourisme. J’ai suivi une formation en comptabilité chez un Tour Opérateur grec, puis j’ai travaillé pour une Compagnie Aérienne de ligne puis une autre de Jet Privé. J’ai pu ainsi en profiter pour faire de beaux voyages.
J’ai fait aussi du théâtre en amateur. Cela m’a permis d’exploiter le potentiel d’un personnage, lui imaginer une vie et m’approprier son caractère pour pouvoir interpréter le rôle. Une autre façon de voyager, un voyage intérieur, je dirais. Une introspection dans l’intimité du personnage, mais aussi en nous-même, pour aller puiser les émotions nécessaires à le faire vivre.
Dans l’intervalle, je me suis mariée, puis divorcée et remariée. J’ai eu cinq enfants. C’est seulement à la naissance de mon benjamin que j’ai arrêté de travailler à plein temps. J’ai fait une reconversion professionnelle pour devenir coach pour futurs parents et aide maternelle pour les jeunes mères en difficultés. Puis, il y a eu le Covid. C’est ici que ma création d’entreprise a pris définitivement fin. Depuis je suis mère au foyer. Petit à petit, mes bambins sont devenus grands et bien qu’il y en a encore deux sous mon aile, je rêve à nouveau d’évasion, d’aventures…
Alors, un matin de septembre 2023, en lisant un roman de Joël Dicker, j’ai eu un déclic. Et si moi aussi, je prenais la plume pour coucher sur papier toutes ces histoires qui me trottent dans la tête depuis si longtemps ?
Fébrile et poussée par une pulsion révélatrice, j’ai écrit d’une traite le fil rouge de mon roman. Fin décembre, je déposais le point final de mon manuscrit.
On imagine toujours que c’est dans l’écriture que réside le grand travail d’un écrivain. Eh bien non, pas vraiment. Je suis une impulsive de l’écriture. J’écris à l’émotion. Je dois ressentir ce que mes personnages vont vivre, me mettre à leur place, un peu comme au théâtre. C’est magique de voir l’histoire que l’on a dans la tête prendre vie sous nos doigts. Mes doigts qui malgré ma dextérité sur un clavier ne vont jamais assez vite pour suivre le flux de ma pensée créative !
Une fois le roman écrit, s’enchaine alors des heures, des jours, des semaines de corrections et relecture. Et lorsqu’on a la chance de trouver un éditeur, une autre aventure commence ; celle de la création du livre.
Mon objectif maintenant est de continuer à rêver, mais en partageant mes rêves, en couchant les mots qui dansent dans ma tête sur du papier pour en créer des histoires.
Je vais devenir la Shéhérazade de ma Cité en écrivant d’autres romans, mais aussi des contes pour enfant.
Mon papa, qui est décédé peu après la naissance de mon premier enfant, à l’âge de 49 ans, aurait adoré tenir en main un livre écrit par sa fille.
J’espère que là-haut, assis sur son tapis volant, il sera fier de sa Shéhérazade !
La vie est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre