VIRGINIE EN LAPONIE
La route sous la neige
Dimanche 7 décembre, après une nuit mouvementée, remplie de rêves et de cauchemars, je m’étais levée légèrement déprimée, le ventre creux et le frigo vide. Il était presque 11h. Marc m’avait déposée chez moi à une heure et quart du matin. Le retour de Strasbourg fût un peu chaotique. Nous avons dû emprunter des départementales pratiquement jusqu’à Bâle, parce que l’autoroute n’avait pas été déneigée. Nous avons mis le double du temps habituel pour faire ce tronçon de route.
Épuisé par la route dangereuse et glissante, Marc a eu besoin de faire un stop à Bâle. Il m’a invitée à manger dans une petite auberge typique dans le centre historique, proche de la Cathédrale et des rives du Rhin. Nous avons dégusté des Röstis-Bratwurst avec une bonne bière fraîche. Marc hésita à prendre une chambre tant il était épuisé. En effet, il était déjà plus de 21h, le restaurant de l’Auberge allait fermer et alors que nous nous apprêtions à quitter les lieux, Marc demanda à l’Aubergiste s’ils avaient encore deux chambres disponibles.
Malheureusement le tenancier lui répondit par la négative. Ils n’avaient plus qu’une seule chambre avec un grand lit. Impossible d’ajouter un lit d’appoint. Mes yeux brillèrent de joie à l’idée de passer une nuit avec Marc. Marc qui avait intercepté mon sourire et mes yeux pleins de convoitise, me sourit à son tour en soupirant et refusa la chambre. Je le regardai tristement, car j’avais bien compris qu’il savait ce que je ressentais et j’avais aussi compris qu’il ne craquerait pas. Bien sûr, il est marié ! Pauvre de moi ! Loin de moi l’idée de détourner un homme marié du droit chemin. Pourtant, parfois ce n’est pas facile. Pourquoi, est-ce que moi, Virginie, je tombe toujours amoureuse de cas désespérés ?
Maria et maman
Les paroles bienveillantes de Jean-Claude mon gentil facteur me sont revenues en tête : “Un jour toi aussi, tu trouveras ton Prince Charmant !” En attendant, il allait falloir me sortir de la tête tous les beaux souvenirs de Strasbourg sous la neige avec le beau et ténébreux Marc-l’homme-trop-bien-marié-avec-deux-enfants-et-qui-est-mon-chef-de-service !
Je téléphonai à ma mère pour lui raconter mes belles aventures et en apprenant que je n’avais rien à manger dans mon frigo, elle me proposa de la rejoindre. Elle était invitée chez nos super voisins Maria et Franco Bianco. Aussi loin que je me souvienne, Maria et toute sa clique font partie de nos vies à maman et moi. J’ai un souvenir douloureux et beau à la fois de lorsque papa est décédé. J’avais cinq ans et c’est Maria qui s’est occupée de nous. On habitait à l’époque le quartier de la Servette, puis les Bianco ont déménagé au Lignon et peu de temps après, on a suivi maman et moi. Maman est toujours sa voisine et elles passent beaucoup de temps ensemble. Ainsi, très souvent, lorsque je ne suis pas là le week-end, Maria invite maman pour le déjeuner dominical.
Une invitation réjouissante
Ce fut donc chez Maria que j’allai manger un délicieux repas italien en compagnie de ma mère. On ne pouvait rêver mieux pour me remonter le moral. Ainsi, je me dépêchai de me préparer afin de ne pas arriver trop tard chez les Bianco.
J’habitais au numéro 71 au Lignon, alors que Maman et ses adorables voisins italiens habitaient au numéro 24. Ainsi, il fallait que je traverse quasiment toute la Cité. Heureusement, ici, il n’avait pas neigé ; j’avais donc peu de chance de tomber. Parce que très fréquemment les marches sous l’immeuble ainsi que les dalles sont très glissantes par temps de pluie.
En effet, le Lignon étant construit sur un terrain pentu qui descend jusqu’aux rives du Rhône, lorsque je me rends chez ma mère, je dois donc descendre pour y arriver. Si on ne choisit pas les escaliers sous l’immeuble, il y a un chemin au milieu d’un joli gazon toujours parfaitement entretenu. Bien entendu, le chemin est en pente et peut être aussi glissant en cas de fortes pluies. Quand il neige, c’est un magnifique terrain de jeux pour les enfants avec leurs luges. Je ne compte même plus le nombre de fois où je me suis vautrée dans le gazon ou, si j’avais choisi l’option escaliers, j’ai descendu les marches par six pour finir le nez par terre et les pieds en l’air.
J’allais donc être très prudente en descendant, car il n’était pas du tout recommandé que je me casse quelque chose maintenant. Une jambe cassée avant Noël m’aurait assuré le renvoi direct de mon agence.
Projet pour Noël
La Parmigiana de Maria fût un délice comme toujours. Ce fût avec le célèbre tiramisu du dimanche que je racontai à Maman et Maria toutes mes aventures de ces derniers jours. J’expliquai à maman que j’étais très déçue pour Noël, parce que je tenais vraiment à le fêter avec elle. Je précisai que mes deux vipères de copines voulaient absolument organiser un truc avec moi, mais que cela ne m’emballait pas. Je commençais à en avoir ras-le-bol d’être leur tête de con ! Sur ces paroles médisantes, Maria ricana et ne put s’empêcher d’intervenir :
– Ma ! La mia testolina di fanello ! Comment tu dis en français ? Sofia ? Franco ?
– Tête de linotte ! répondit ma mère en riant.
– Si ! Fanello-linotte, depuis que tou es grande comme, comme ? dai comme moi, tou pleurniches sur tes copines. Laisse tomber ma fille ou basta dé té plaindre !!
– Maria a raison ma chérie, ajouta maman d’un air compatissant. Dis-leur que Noël, c’est en famille. Ce n’est pas de ta faute si elles n’ont pas de famille unie. Laisse-les entre elles et reste avec nous. Propose-leur quelque chose pour le réveillon du 31.
– Si bene cosi ! Tua mamma va rester avec nous pour toutes les fêtes de Noël puisque tou ne sais pas quand tou rentreras et quand tou seras là, on recommencera la festa con te, enfin avec toua !
– Vraiment ? leur ai-je dit tout émue par leur proposition.
– SI !! m’ont-elles répondu en chœur !
Lorsque j’ai quitté Maman et Maria, j’avais l’estomac plein, un Tupperware rempli pour le lendemain, et le cœur léger et joyeux.
Shopping de Noël
Comme j’avais congé lundi afin de compenser mon samedi entier à travailler, Maman m’a donné rendez-vous à l’arrêt de bus à 11h pour nous rendre ensemble au Grand-Passage pour nos achats de Noël. Le Grand-Passage était à Genève ce que sont les Galeries Lafayette à Paris ! Mon plaisir le plus intense durant la période des fêtes était, est et sera toujours d’aller admirer les illuminations, les sapins géants et les vitrines animées du Grand-Passage et autres magasins du centre-ville.
Ma vitrine préférée était celle de Caran d’Ache avec les marmottes automates et le décor alpin. Cette année-là, en décembre 1975, maman et moi ne savions pas si nous allions retrouver la splendeur des vitrines du Grand-Passage, car en janvier le magasin avait été complètement dévasté par un incendie gigantesque. Le magasin a progressivement rouvert après divers travaux d’assainissement. Je n’y étais pas retournée depuis et je me demandais si j’allais être autant emballée par leurs vitrines et leurs rayons. Un autre endroit de prédilection en décembre était le célèbre magasin de jouets Franz Carl Weber. Un paradis pour les enfants. Maria venait tout juste d’être grand-mère, ainsi, maman et moi étions toutes heureuses de pouvoir aller y acheter un joujou pour le bébé.
Un cadeau parfait pour un joli bébé
Notre après-midi de shopping fut parfaite et nous étions rentrées tard, les bras chargés de cadeaux pour toute la famille Bianco et bien sûr pour maman et moi ! J’avais trouvé le joujou parfait pour bébé Bianco, un Monchhichi ! Une adorable peluche représentant un bébé singe qui suce son pouce. Cette peluche qui faisait fureur cet hiver se vendait avec une garde-robe très variée, ce qui permettait à l’enfant de la faire évoluer en grandissant ! Je n’avais encore jamais vu le dernier-né de la famille Bianco, mais j’en étais déjà gaga. Après tout, à l’instant où les fils de Maria et Franco m’avaient adoptée comme leur petite sœur de cœur, il y avait de cela plus de 18 ans, j’étais devenue une tata-gâteau avec la naissance de Luca, le bébé de l’aîné de la fratrie !
Ce genre d’escapade avec maman me rendait joyeuse même si un peu de nostalgie s’emparait de moi. Je retombai en enfance et ce n’était pas pour me déplaire !
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie
Stéphanie
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Oh les souvenirs de mes annees a Geneve qui resurgissent: le Grand Passage pour les cadeaux de Noel et chez Franz Carl Weber j ai depense tellement d argent pour les jouets que je rammenais en Italie! En te lisant, chere Stef, je me suis vue me promener dans la Rue de Rhone! J adore ce calendrier de l avent🙂
Merci ma chère amie ! Ton commentaire me fait plaisir. Mon but est atteint si je te fais voyager dans le passé. J’espère que d’ici à la fin de la Nouvelle, j’aurai réussi à t’embarquer sur des terres inconnues !