VIRGINIE EN LAPONIE

Une journée difficile s’annonce

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu autant d’entrain à me rendre au travail après un congé. Durant mon trajet dans le bus, je ne pouvais pas m’empêcher de songer qu’une semaine plus tôt, je déprimais chez moi, au lendemain de mon entretien avec Francis Martin, mon patron tyrannique. On était le mardi 9 et Noël était dans 15 jours. Habituellement, j’achète toujours mon mini sapin le week-end de la Saint-Nicolas, car j’adore l’esprit de Noël et il ne peut y avoir d’ambiance de fête sans sapin ! Pourtant, cette fois-ci, je n’avais encore rien fait puisque je ne savais pas à quoi m’attendre avec mon travail. Je détestais devoir dépendre du bon vouloir d’une personne méchante et sans âme tel que je percevais Francis Martin !

Une fois arrivée à l’agence, je me gardai bien d’entrer, et je montai directement à l’étage dans lequel se trouvait le département Tour Opérateur.  J’étais arrivée en avance pour avoir le temps de mettre de l’ordre dans mes notes avant mon entretien avec le patron. Lorsque Patricia, ma collègue arriva, elle m’embrassa chaleureusement et m’annonça que Marc était malade.

– Sais-tu ce que cela signifie pour toi ? me dit-elle.

– Heu… Je vais devoir me débrouiller pour rédiger le rapport ?

– Non seulement le rapport, mais j’ai cru comprendre que Sa-Majesté-Francis-Martin aimerait commercialiser immédiatement la nouvelle brochure. Tu vas donc devoir t’y coller ! Mais ne t’inquiète pas, je t’aiderai pour la rédaction, j’ai l’habitude ! 

– Quelle galère ! Ben, c’est bon, je vais être virée ; je ne sais pas faire une brochure moi !

Une collègue bienveillante

Patricia me dévisagea avec un grand sourire qui se voulait rassurant et me lança affectueusement : 

– Ne t’inquiète pas, tu les connais par cœur nos brochures. Je t’ai dit que je t’aiderai à rédiger les textes. Ce que tu devras faire c’est remplir les feuilles de calcul de coût de revient pour les grilles de prix. C’est toi qui es partie avec Marc donc personne d’autre que toi pourras le faire aussi bien !

– Mais, c’est Marc qui a tous les contrats ! 

– Oh ! Le patron a certainement dû les récupérer, à moins qu’il ne t’envoie toi-même les chercher. D’ailleurs, prépare-toi, tu as rendez-vous dans trente minutes ! me pressa Patricia.

J’avais la bouche pâteuse et les jambes qui jouaient des castagnettes ! Je suis allée me servir un café bien serré, et je me suis brûlée en l’avalant d’une traite. J’ai fait quelques exercices de respiration et je suis descendue rejoindre mon patron pour mon entretien.

Face à face avec le tyran

– Bonjour Monsieur Martin, j’espère que vous allez bien ? J’ai appris la nouvelle, Marc est malade ! lui dis-je, le plus naturellement possible, bien que mes orteils se rétractaient encore dans mes bottes sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit !  

– Bonjour Virginie. Vous êtes très en beauté aujourd’hui. Il semblerait que ce petit séjour avec notre bourreau des cœurs ait porté ses fruits ! Bon, nous allons passer aux choses sérieuses ma petite ! Il marqua une pause, joignit ses bouts de doigts sans les croiser, baissa le menton et me regarda attentivement par-dessus ses lorgnons ! Il poursuivit : – Vous allez passer l’épreuve du feu. Marc m’a fait le topo. Vous avez sacrément bien travaillé tous les deux. On a de super contrats dans de superbes établissements. Je ne veux pas attendre la saison prochaine pour en profiter. Cette nouvelle brochure doit impérativement sortir avant Noël !

Je le regardai la bouche béante, ne sachant que répondre. Il enchaina : 

– Fermez-la, Virginie, les mouches vont rentrer ! Étant donné que j’avais prévu de vous faire partir samedi, car il n’y a qu’un vol direct par semaine, vous avez exactement quatre jours pour me pondre cette brochure ! Ça devrait le faire, une si jolie poule doit bien pouvoir pondre en quelques jours !

Délai impossible

Je voulus protester, lui demander où j’allais partir et combien de temps, mais il ne me laissa pas ouvrir la bouche. Il m’inonda d’informations, de recommandations, d’exigences de toutes sortes sans me laisser l’occasion de le questionner. Pire encore, il m’ordonna de me rendre immédiatement chez Marc pour récupérer les contrats. J’étais pâle comme la mort, me tordais les doigts, j’avais la nausée et me sentais incapable de bouger ! Francis me réprimanda tout de suite : 

– Allons que diable, remuez-vous, vous allez prendre racine ici et je n’y tiens pas du tout !  Demandez à Françoise qu’elle vous donne l’adresse de Marc et hop, au boulot. Une petite brochure de huit pages, ce n’est pas la mort ! Deux pages par jour ; on peut faire mieux, non ? Si vous n’y arrivez pas, je ne pourrai plus rien pour vous ! 

Voilà, c’était dit ! Donc, il était inutile de lui rappeler que je n’avais pas de voiture alors que lui oui. Inutile de lui dire que je n’avais jamais fait de brochure de ma vie même si je connais bien le modèle de la maison pour l’avoir vendu des centaines de fois. Inutile aussi de pleurnicher, je ne ferais que perdre un temps précieux. 

Une aide inespérée

Je remontai à toute vitesse dans mon bureau, sans prendre la peine de dire au revoir et merci, et je téléphonai à Marc. 

Une fois que je lui ai expliqué la situation, il me dit qu’il était désolé pour moi, que c’était vraiment un coup vache. Néanmoins, il me rassura en me disant que je pouvais le faire sans problème, le délai était juste un peu court pour quelqu’un qui n’avait pas l’habitude. Marc me proposa d’envoyer son épouse m’apporter les documents, puis se ravisa, car elle avait un rendez-vous important. Il me demanda de prendre toutes les feuilles de calcul avec moi et la maquette de la brochure. Il me proposa de m’aider à tout remplir, comme cela, je gagnerai du temps pour le lendemain. Je le remerciai chaleureusement et part immédiatement pour le rejoindre chez lui. 

C’est son épouse qui m’accueillit et je compris pourquoi il ne regardait jamais d’autre femme. Elle était splendide, une déesse sur pieds ! Je bégayai en la voyant et me sentis rougir. Elle fut très chaleureuse, me disant que Marc avait apprécié son séjour avec moi. Valérie, c’était son prénom, me sourit, me fit un clin d’œil et me dit qu’il n’y avait aucun secret entre son mari et elle. Elle compatit, dans un même temps, pour les exigences du Patron et me dit que j’allais y arriver, car Marc était bien décidé à m’aider même à distance afin que je réussisse et que l’on puisse fermer le caquet de ce prétentieux Francis Martin ! 

Réussir à tout prix !

Je retrouvai Marc dans son bureau, vêtu d’un pyjama recouvert d’un peignoir en soie. Il avait le nez rouge à trop se moucher, les yeux tout boursouflés par la fièvre, mais il était là, assis à son bureau et prêt à m’aider. J’en fus toute perturbée.

Nous nous sommes mis immédiatement au travail. À midi, il ne nous restait plus que deux contrats à compulser. Son épouse arriva avec des pizzas toutes chaudes et nous ordonna de manger rapidement, afin qu’on puisse terminer au plus vite. En effet, Marc devait impérativement faire une sieste, car il n’avait pas l’air franchement bien. À 14h. Valérie, me raccompagna en voiture au travail. Elle m’informa qu’elle reviendrait me chercher lorsque j’aurai terminé la maquette pour que Marc puisse la valider avant que je ne la présente. Il tenait absolument à ma réussite, et elle m’avoua qu’elle détestait ce gros pervers de Martin et serait fière qu’une femme, aussi jeune d’ailleurs, lui mette la pâtée ! C’était dit ! Je n’avais plus d’autre choix que de réussir !

À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie

Stéphanie

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