VIRGINIE EN LAPONIE

Vive la neige

Le programme de ce 6 décembre n’étant pas trop chargé, Marc m’avait donné rendez-vous à 9h à la salle du petit déjeuner.

Je m’étirai avec nonchalance dans mon lit et remarquai que la luminosité dans ma chambre était étrange. Les murs, recouverts d’une tapisserie couleur moka, ressemblaient maintenant à du café crème. La moquette quelque peu usée avait l’apparence d’un champ de coton. Des ombres étranges dansaient une sorte de valse lente sur mon édredon. Je regardai par la fenêtre et je réalisai qu’il neigeait à gros flocons. Des petits cristaux de glace virevoltaient sur mes carreaux et projetaient ces étranges motifs sur mon lit. Je m’habillai rapidement pour ne pas être en retard. J’enfilai ma robe chasuble en laine, mon col roulé en dessous. Je mis mes gros collants de laine en plus d’une paire de chaussettes bien chaude. Ensuite, je fourrai le reste de mes habits dans le sac de voyages. Je rangeai ma trousse de toilette, enfilai mes bottes, ramassai ma cape et mon chapeau et quittai la chambre.

Marc était à la réception en train de faire son check-out. Je l’imitai et après avoir confié nos valises au réceptionniste, nous allâmes prendre notre petit-déjeuner. Notre matinée n’était pas très chargée, avec juste deux hôtels à visiter et une agence de location de voitures. Nous étions invités à midi dans l’un des meilleurs établissements avec lequel nous venions de signer un contrat. Ils proposaient une cuisine typique et locale et souhaitaient que l’on fasse de la publicité pour leur restaurant.

Spécialités alsaciennes dans l’assiette

J’eus l’idée de proposer à Marc d’inclure dans notre forfait un repas gastronomique à leur table pour minimum trois nuits réservées dans l’établissement. J’ajoutai aussi de proposer aux autres clients logeant ailleurs un menu complet pour une somme justement calculée et à discuter avec le Maître d’hôtel. Le but serait de donner envie de revenir passer un séjour dans cet établissement, pour deux raisons. La première était que c’était un des plus coté, mais surtout, ils nous offraient, en tant que partenaire, une confortable commission.  

Le repas fût un délice. Comme nous avions eu de la peine à choisir nos plats, on nous a proposé de prendre un peu de tout pour goûter. Nous avions donc pris notre apéritif avec leur fameuse Flammekueche (la tarte flambée) puis dégusté un foie gras incroyable en entrée avec une délicieuse salade de saison agrémentée de noix et raisins doux. Puis, on nous avait servi une cassolette de Baeckeofe mijotée à souhait et en deuxième plat des spätzles avec un civet de cerf.

Après tout cela, nous eûmes beaucoup de mal à avaler le fabuleux Kougelhopf qu’on nous avait présenté avec les cafés et digestifs. Bien entendu, à chaque plat, nous avions eu un verre de vin différent accompagnant à la perfection le met servi. Si bien qu’à la fin du repas, j’avais bu plus de verres de vin que je n’en buvais habituellement en une semaine entière.

À la fin du service, le Maître d’hôtel et le Chef cuisinier, nous rejoignîmes pour élaborer les menus que nous proposerons à la vente avec nos forfaits. Nous célébrâmes notre collaboration avec une cuvée spéciale de Crémant d’Alsace. C’était en titubant légèrement que nous prîmes congé de nos hôtes. 

Bloqués à Strasbourg

Dehors, il avait neigé dru et un épais tapis blanc recouvrait tout. Marc s’inquiéta tout à coup pour notre train. Dans ma tête, la perspective d’être coincée ici avec mon charmant collègue m’émoustillait et je me mis à sourire comme une petite fille voyant passer une licorne rose à paillettes ! Comme la gare n’était pas loin, Marc me proposa de nous y rendre pour nous renseigner. Lorsque nous pénétrâmes dans le bâtiment, une douce euphorie, mêlée à un peu d’animosité, y régnait. Tous les trains en partance de Strasbourg ou devant arriver à Strasbourg étaient annulés ou retardés. Marc essaya de se renseigner, mais il n’obtint aucune certitude quant à un éventuel train en fin de journée. Tout dépendait de la météo. On nous indiqua, toutefois, que l’aéroport était également fermé, ainsi que l’autoroute.

Je souris mielleusement à Marc qui lui avait l’air tout dépité. Une fraction de seconde, j’oubliai qu’il était marié et père de famille. Je repris vite mes esprits lorsqu’il m’attira vers les cabines téléphoniques pour prévenir sa femme d’un éventuel retard, voire une nuit supplémentaire ici. Je lui fis signe que j’allais sortir de la gare prendre l’air.

Lorsqu’il me rejoignit dehors, il me trouva sous la neige, la tête renversée en arrière, la bouche mi-ouverte, traquant les flocons avec ma langue. Il rit franchement et m’annonça que je lui faisais penser à sa fille de 6 ans. 

Au contact de la neige et de l’air frais, je dégrisai rapidement, bien que je titubasse encore légèrement. Marc me saisit fermement le bras et nous nous rendîmes au Marché de Noël pour un ultime tour avant le départ.

Saint Nicolas au Marché de Noël

Cette visite sous la neige, avec du thé aux épices dans une main, un Bredele dans l’autre, les lumières des guirlandes éclairant les stands d’une manière un peu féérique, agrémenté par des chants de Noël me conquit complètement. Je n’avais plus aucune envie de partir d’ici et cette ambiance hors du temps me fit apprécier la neige et le froid.

Nous flânâmes ainsi d’un stand à un autre, faisant quelques emplettes de Noël pour nos familles. À 16h30, alors qu’il ne neigeait plus depuis moins d’une heure, Saint-Nicolas fit son entrée dans le marché accompagné de son âne et son acolyte le père Fouettard qui punit les bambins pas sages. On nous informa qu’ici en Alsace, on l’appelait Hans Trapp. On se fit conter toute l’histoire et la tradition de Saint-Nicolas. Ainsi, j’appris que les enfants reçoivent des friandises s’ils ont été gentils et n’ont pas oublié d’accrocher leurs chaussettes à la cheminée. Saint Nicolas reparti, il fut l’heure pour nous de songer à notre retour, ou de trouver une nuit d’hôtel.

Une solution toute trouvée

Marc me désigna une cabine téléphonique au coin de la rue et s’y engouffra pour appeler la gare. Certes, il y avait bien un train partant vers 20h pour Bâle, mais nous risquions d’être coincés ensuite à Bâle. Marc songea à l’agence de location de voiture et les appela. Ce fût une affaire vite réglée. L’agence était ravie d’avoir conclu un partenariat avec nous. Ils nous offrirent la location d’un gros 4X4 pour rentrer chez nous. 

Cependant, j’étais un peu déçue, mais ravie tout de même de passer encore plusieurs heures en voiture avec Marc. Devant la cabine de téléphone se trouvait habituellement une station de taxis. Vu le temps, il n’y avait aucun véhicule en vue.

Mais alors que nous songions à rejoindre l’hôtel à pied, nous vîmes arriver une calèche taxi. J’applaudis comme une enfant lorsque mon collègue négocia le prix de la course. En effet, nous allions jusqu’à l’hôtel pour y récupérer nos bagages, puis à l’agence de location de voiture. Notre dernier voyage dans les rues de la ville se fit au son des grelots accrochés aux harnais des chevaux. La chanson de “Jingle Bells” grésillait sur le poste radio du cocher. En toile de fond, il y avait les décorations éphémères des fêtes. Collés l’un à l’autre sous une épaisse couverture en peau de mouton, Marc et moi regardions quelques flocons danser gentiment autour de nous. Ce fût un de mes plus beaux souvenirs de ce court et délicieux séjour. 

 À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie

Stéphanie

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2 commentaires

  1. J aime Virginie! Mais j espere qu elle va pas briser le mariage de Marc. Elle m a l air tellement jolie et gentille que je suis certaine qu elle va tomber sur un homme fantastique….et celibataire!

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