VIRGINIE EN LAPONIE

Découverte du campement

Le campement était très rudimentaire, mais étonnamment confortable. 

Un vieux couple était déjà là. On nous expliqua qu’il s’agissait des parents d’Aslak. Ils avaient l’habitude de vivre ainsi dans la nature et ils retournaient au village que dans de rares occasions. 

La plus grande des tentes servait de lieu de vie commune. Au centre, il y avait un foyer pour cuisiner les repas et fournir de la chaleur. Des nattes tressées faites de je ne sais quels végétaux étaient disposées au sol. Par-dessus, il y avait plusieurs peaux de rennes disposées en rond autour du foyer. Le matériel de pêche et les raquettes étaient entreposés dans un coin à côté de l’entrée. Tout le long des parois de la tente, il y avait des caisses dans lesquelles étaient stockés la nourriture, des couvertures et divers outils. 

Les deux autres tentes, de plus petites dimensions, étaient pour dormir. Je partageais l’une d’elle avec Maret et les parents d’Aslak, alors que les hommes étaient tous entassés dans la dernière. Au milieu du campement, il y avait un autre foyer, protégé par un muret de pierres. Il y avait une sorte de potence au-dessus du feu avec un gros chaudron suspendu. C’était dans ce chaudron qu’ils faisaient fondre la neige. Une fois la neige fondue, ils laissaient bouillir puis ils tournaient le récipient et y mettaient un couvercle. C’était la réserve d’eau potable.

Dès notre arrivée, Maret prépara un repas pour tous. J’entrepris de l’aider comme je pouvais, malgré le fait que je ne pouvais communiquer avec des mots et que j’étais nulle en cuisine. Je me contentai de faire tout ce que Maret m’ordonnait à l’aide de mimes. Ainsi, au bout d’une heure d’effort, une soupe de poissons et de légumes mijotait sur le feu.

Pêche sur le lac gelé au clair de lune

Aslak vint nous chercher afin de nous rendre sur le lac pour pêcher. J’eus beaucoup de peine à marcher sur la glace avec les crampons que Maret m’avait attachés aux pieds. Nous avons progressé jusqu’à trouver une planche recouverte par des branchages. Les deux pêcheurs qui nous accompagnaient se mirent au travail en enlevant les branches et la planche, découvrant ainsi un gros trou creusé dans la glace.

La pêche débuta. Trois personnes à la fois pouvaient se tenir au bord du trou avec un fil à pêche. Nous avons tous tenté notre chance et bien sûr tout le monde attrapa un poisson sauf moi ! Maret avait emporté des petites chaises pliantes pour nous asseoir entre les tours de pêche.

Cela faisait déjà trois bonnes heures que le soleil était couché et bien que la nuit était bien installée, nous n’avions aucune peine à voir ce que nous faisions. C’était un soir de pleine lune et je venais juste de m’en apercevoir, car lorsque nous étions arrivés, elle était encore trop basse pour qu’on puisse l’admirer. Aslak se mit à fredonner des chants traditionnels. Maret l’accompagna bientôt avec sa voix cristalline. J’en avais des frissons.

Cette scène allait me rester à tout jamais gravée dans la mémoire. J’avais conscience en cet instant de vivre une expérience inédite que peu de gens ont la chance de connaître. Alors que nous étions en train de ranger notre matériel pour retourner au campement, le ciel s’embrassa soudainement d’étranges lueurs.

Aurore boréale

J’étais émerveillée tout autant qu’apeurée par ce phénomène que je ne connaissais pas du tout. Mikko m’expliqua ce qu’étaient les aurores boréales, et ainsi rassurée, je pus en profiter pleinement. J’étais subjuguée par le spectacle. De gigantesques dessins dansaient au-dessus de ma tête. Des formes plus ou moins géométriques de couleurs vertes, bleues, jaunes, roses, mauves et orangées se mouvaient en une sorte de valse céleste. 

Maret me pressa pour retourner au campement et me fit comprendre que je pourrais encore les voir depuis là-bas. Lorsque nous arrivâmes, la mère d’Aslak nous servit un bol de soupe fumante. Son mari avait sorti les peaux de bêtes et les avaient installées dehors prêt du feu. Ainsi, nous avons pu déguster la meilleure soupe que j’avais jamais mangée, sous la pleine lune et le ciel dansant. Quel spectacle ! C’était, je crois bien, la plus belle soirée de toute ma vie ! Ce fût la fatigue qui eut raison de moi. Je m’étais à moitié endormie sur l’épaule d’Hervé, qui pour une fois n’avait rien à dire. Il était aussi fasciné que moi et je ne l’avais pas entendu une seule fois de la soirée faire une blague douteuse ou un commentaire inutile ! 

Retour à Ivalo

Le lendemain matin, ce fût ma vessie qui me réveilla. C’était la partie la moins plaisante de cette expérience. Faire pipi dans la nature avec des températures inférieures à moins dix degrés alors que l’on porte de multiples couches de tissus sur soi relevait presque de l’exploit !  

J’étais une des dernières à m’être réveillée. Je trouvai tous mes amis sous la grande tente, dégustant une sorte de thé aux herbes très sucré et agrémenté de lait de renne. J’eus du mal à avaler ce breuvage, mais après ma séance de gymnastique urinaire, j’avais besoin de me réchauffer.

Maret me donna une sorte de galette qui ressemblait un peu à la spécialité que nous avions mangée à Helsinki vers la cathédrale. Sauf que celle-ci était grillée sur le feu de bois et qu’à la place du porridge de riz, il y avait des patates écrasées avec plein d’herbes sauvages qui avaient un petit goût d’aïl des ours. Une fois ce repas avalés, Aslak nous montra comment préparer les poissons que nous avions pêchés. Lorsque les poissons furent parés, nous les avons mis dans des sachets avec des morceaux de glace prélevés directement sur le lac. Puis, ce fût l’heure de partir. J’étais triste de quitter cet endroit, mais je me consolai en pensant que je passerai ma prochaine nuit dans le lit douillet qui m’attendait chez Sven à Rovaniemi. 

Départ d’Hervé et Mikko

Je profitai encore du voyage en traineau avec les chiens. Le paysage autour de nous était spectaculaire. Je ne voyais aucune trace humaine hormis les traces que nous avions laissées la veille pour venir. Nous arrivâmes juste à temps au village pour qu’Hervé et Mikko puissent se rendre à l’aéroport prendre leur vol pour Helsinki.

Quant à moi, Aslak avait reçu pour instruction de me mettre dans le bus pour Rovaniemi. J’avais environ une heure à attendre. J’eus le cœur serré de voir partir mon collègue et Mikko. J’avais envie de pleurer, mais en même temps, j’étais super heureuse de pouvoir continuer mon aventure, même seule ! 

– Salut Gigi ! Sois sage, me dit Hervé en m’embrassant chaleureusement. Appelle-moi dans la semaine pour me donner des nouvelles. 

– Merci Hervé. C’était super d’avoir partagé ce voyage avec toi. Rentre bien et profites bien de tes enfants. 

– Ça va aller, Virginie ? s’inquiéta Mikko.

– Oui, tout va bien, ne t’en fais pas. Allez, partez vite pour ne pas rater votre avion.

Lorsque ce fut mon tour de partir, je compris que Maret allait m’accompagner. Aslak m’expliqua que sa sœur habitait à Rovaniemi et qu’elle allait en profiter pour lui rendre visite. Je fis tout le trajet en bus avec ma main prisonnière de celle de Maret. Elle me regardait en souriant et fredonnait à voix basse ces étranges, mais si jolis chants traditionnels. Je ne vis pas les 3h30 passer. Il faisait nuit lorsque je montais dans le traineau d’Inkeri qui était venue me récupérer à la gare routière.

À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie

Stéphanie

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