VIRGINIE EN LAPONIE
Humeurs hivernales
“… et maintenant, notre bulletin météo de ce mardi 2 décembre 1975. Les températures ce matin à Genève ne dépasseront pas les 2 degrés Celsius, et monteront progressivement jusqu’à 10 degrés cet après-midi. Le temps restera sec et ensoleillé toute la journée et devrait rester stationnaire jusqu’en milieu de semaine. Dès jeudi, on notera une nette diminution des températures avec des minimales à – 2 degrés…”
Après avoir écouté le bulletin météo du jour, je me souviens être restée très songeuse. Je m’étais dit qu’avec les températures annoncées, je devais sortir de mon placard, ma veste polaire, mon écharpe, ainsi que mon bonnet à pompon. En réalité, je déteste l’hiver. Je me suis souvent demandé pourquoi je n’ai pas encore émigré vers un pays chaud ; moi qui rêve de plage et de cocotiers en permanence. C’est probablement pour cette raison que j’ai choisi d’être agent de voyages. Entre le rêve et la réalité, je réalisais qu’il y avait un gouffre. Je me voyais voyager partout à travers le monde, or depuis que j’ai commencé ce métier, je suis allée une fois à Rome, deux fois en Corse. Puis j’ai fait trois éductours aux Baléares et je suis tombée malade la veille de mon départ pour la Floride !
Une journée pour réfléchir
J’avais décidé, contrairement au but fixé pour la journée, de ne plus penser du tout à la conversation de la veille avec Monsieur Martin et de profiter pleinement de ma journée de repos, loin de toutes les tensions et obligations ! La veille, lorsque je suis arrivée chez moi, j’ai enfilé mon pyjama douillet, celui en tissu éponge avec de gros cœurs roses dessus, j’ai mis de gros chaussons et je m’apprêtais à me servir un verre de Porto lorsqu’on sonna à la porte. C’était Charlotte, je venais de le constater en regardant à travers le juda.
Certes j’étais une débutante, et du haut de mes 22 ans, j’avais encore toute la vie devant moi pour voyager. J’étais, et je suis toujours, plutôt impatiente, à tout vouloir faire immédiatement et tout obtenir sur le champ ! Ma devise c’est : “vis pleinement, tout de suite, car qui sait si demain, tu seras toujours là !” Quoi qu’il en soit, j’avais peut-être bien fini de rêver. En effet, après la réunion de la veille avec mon patron, je n’étais pas vraiment certaine de conserver mon poste. J’avais obtenu une journée de congé ce mardi 2 décembre, pour réfléchir à mon avenir au sein de Nouki voyages selon les injonctions de mon patron ! Il m’avait convoquée pour le mercredi matin dans son bureau, afin de me donner la conclusion de sa propre réflexion quant à la poursuite de mon contrat au sein de l’entreprise.
Une tornade dans mon appartement
– Ouvre-moi Gigi, je sais que tu es là, je t’entends renifler derrière la porte !
J’ouvris à mon amie qui entra comme une furie en envahissant l’espace paisible de mon appartement.
– Que se passe-t-il encore ma chère ? Pourquoi pleures-tu ?
– Je ne pleure pas ! mentis-je avec conviction. Je suis juste un peu enrhumée ! Et toi ? Que fais-tu là ?
– Tsst, à d’autres tes excuses bidons ! Tu as les yeux rouges et bouffis, tu traines en pyjama de grand-mère à 19h et si j’en crois le verre que tu tiens dans la main, tu allais commencer à te saouler !
Je me suis mise à raconter à Charlotte mon effroyable journée et comme à son habitude, elle se moqua gentiment de moi. Elle m’expliqua qu’elle avait fait quelques courses au Centre Commercial juste en bas de chez moi et qu’elle était passée pour me proposer un restaurant. Je lui dis que je n’avais pas le cœur et probablement pas le budget non plus puisque j’allais perdre mon emploi. Elle me traita de sombre idiote pessimiste et m’ordonna de me secouer. Elle entreprit ensuite de me remonter le moral en me cuisinant une assiette de pâte à la carbonara. Il faut dire qu’elle était autant bonne cuisinière qu’horrible mégère à la langue de vipère.
Elle prit congé vers 21h, non sans m’avoir ordonné d’aller me coucher, puis de profiter de mon congé le lendemain pour prendre soin de moi. Finalement, elle me proposa de la rejoindre à 18h à la Brasserie du Lignon située à quelques pas de chez moi.
Rencontre amicale
Ainsi, je passai une journée plutôt reposante en commençant par une grasse matinée. Je décidai ensuite de me rendre chez le coiffeur pour mettre un peu d’ordre dans mon indomptable tignasse bouclée. En descendant de chez moi, après être allée chez le coiffeur, je croisai le facteur. Je le connaissais bien, car il faisait déjà la tournée de l’immeuble dans lequel maman et moi habitions avant que je n’emménage seule ici.
– Bonjour Jean-Claude ! lui dis-je joyeusement. Comment allez-vous ? Et Madame et les enfants ? Tout le monde va bien ? Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu !
Jean-Claude, le facteur, un homme jovial et toujours de bonne humeur, me reconnut immédiatement.
– Eh, mais c’est la petite Virginie toute jolie et bien coiffée ! Comment va ta maman ? Sans me laisser le temps de répondre, il enchaîna :
– Tu ne me vois plus, car ils ont encore changé ma tournée. Là, je remplace Bernard, mon collègue. Il farfouilla un peu dans sa sacoche et ajouta : je n’ai rien pour toi aujourd’hui. Pas l’ombre d’une carte postale d’Italie ! dit-il malicieusement avec un clin d’œil.
– Oh ça ne risque pas, lui avouais-je tristement, Giovanni et moi, c’est fini ! Il est parti avec une Sicilienne. Je ne faisais pas le poids face à elle.
– Ne t’inquiète pas, va ! Toi aussi, tu trouveras le Prince Charmant un de ces quatre. Allez prends soin de toi et salue ta maman pour moi.
Une soirée réconfortante
Sur ces paroles bienveillantes, je pris congé, le laissant terminer son travail. Je me dépêchai de rejoindre Charlotte qui devait déjà m’attendre à la Brasserie en compagnie de Monique.
La Brasserie du Lignon était chaleureuse et accueillante. Il flottait dans l’air une légère odeur de café, de bière et de fondue. C’était un menu souvent commandé par les clients en cette saison hivernale. Lorsque je trouvai la table de mes amies, Monique m’accueillit en gloussant et me demanda si j’avais pris un billet deuxième classe pour venir. Elles pouffèrent toutes les deux et je compris rapidement que Charlotte ne s’était pas gênée pour lui raconter mon histoire. Malgré leurs moqueries répétitives, elles étaient drôles et nous avons passé une superbe soirée. Elles m’avaient convaincue de tout faire pour conserver mon poste et de ne pas me laisser faire par Francis-le-Tyran ! Je rentrai chez moi, remontée à bloc et prête à en découdre pour conserver ma place à Nouki voyages !
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie
Stéphanie
Note de l’auteure
La Cité du Lignon en forme de « Y » a été construite dans les années 60. Elle a été érigée en pleine nature sur les rives du Rhône qui s’écoule paisiblement à ses pieds. De l’extérieur, on voit une bâtisse gigantesque, de l’intérieur, on voit la nature ! C’est ce qui fait la particularité et le charme de la Cité. Cette photo l’illustre parfaitement.

Merci à Terence Drieberg pour son superbe coup d’œil sur sa Cité (qui fût aussi la mienne !)
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Super histoire je suis impatiente de te lire demain
Merci ma tantine. Heureuse que cela te plaise. Et merci pour le commentaire. Bisous