VIRGINIE EN LAPONIE
Annonce d’une tempête
Mikko avait mis la radio pour agrémenter notre chemin du retour. Nous roulions doucement car de fortes bourrasques menaçaient de nous envoyer dans le décor. Il y eut un flash info-météo. La tempête annoncée arrivait sur Helsinki. La force des vents et des chutes de neige immobiliserait la capitale pendant plusieurs heures. Mikko éteignit la radio, se racla le fond de la gorge et nous annonça d’une voix solennelle :
— Les amis, nous allons changer nos plans ! Je vais dormir ce soir avec vous à l’hôtel, car j’habite un peu loin et je ne veux pas prendre le risque d’être isolé loin de vous.
– Super, je partage volontiers ma chambre avec toi, indiqua Hervé sur un ton amusé.
– Je te remercie, mais s’il reste de la place, je prendrai ma propre chambre, sinon volontiers, renchérit Mikko
– Ok, ok, mais du coup, c’est quoi le changement de plan ? demandai-je un peu inquiète de la tournure des événements.
– Eh bien, nous nous lèverons très tôt vers 5h du matin pour prendre le premier train pour Rovaniemi. Je vous accompagnerai. Ce n’était pas prévu, mais sinon nous allons rester coincés ici. Les autorités indiquent un jour d’isolement pour Helsinki, mais la dernière fois, c’était plutôt 48h sous la tempête, puis le temps de sécuriser les routes, aéroport. Finalement, on est resté bloqué trois jours.
Départ en train
Lorsque nous arrivâmes à l’hôtel, Hervé et moi étions parti directement dans nos chambres pour préparer nos bagages et nous coucher, pendant que Mikko s’occupait du check-out et de toutes les formalités pour notre voyage improvisé.
À 5h du matin, nous étions prêts à quitter l’hôtel. Mikko s’informa auprès du concierge pour savoir si la gare était bien ouverte et si la route jusque-là était praticable. Ce dernier nous répondit que pour l’instant la gare était ouverte et le trafic inchangé, mais cela risquait de ne pas durer. Quant à la route, il allait falloir se dépêcher car il tombait tellement de neige que la police était en train d’imposer des restrictions de déplacement.
Nous nous dépêchâmes de monter en voiture et de quitter le quartier qui était proche de la mer et par conséquent dans une zone très à risque. Nous avons pu arriver sains et saufs à la gare. Mikko gara sa voiture au parking souterrain et nous rejoignîmes le quai de la gare.
Le train pu quitter Helsinki sans trop de difficulté, mais en roulant toutefois très lentement car il dû mettre le chasse-neige devant la locomotive.
Il a fallu attendre d’avoir parcouru presque 100 kms pour que le temps devienne plus clément. La tempête était vraiment localisée sur la côte.
De nouveaux plans
Mikko nous proposa le nouveau programme qu’il venait de concocter. Nous allions atteindre Rovaniemi à 14h. Il ne nous resterait qu’une petite heure pour profiter un peu du lieu avant la tombée de la nuit. Vendredi matin, Mikko allait voir s’il trouvait son ami Aslak qui est un pur Sami. J’appris ainsi que les Samis sont à la Scandinavie, ce que sont les Inuits au Canada, Alaska et Groenland !
Mikko nous expliqua qu’Aslak était le Chef de sa tribu et qu’il descendait à la capitale Laponne tous les quinze jours en fin de semaine pour y vendre l’excédent de pêche ainsi que des peaux et retournaient avec des vivres tels que farine d’épeautre, sucre, sel, vinaigre, huile, savon et toutes les petites choses du quotidien dont sa tribu manquait et qu’il rapportait pour la communauté. L’idée de Mikko était de nous faire vivre une aventure hors du commun en nous offrant une journée et une nuit avec le peuple Sami au bord du lac Inari.
Nous étions enchantés à cette idée et nous avons demandé quel genre d’activité nous pourrions faire. Nous apprîmes ainsi que nous nous déplacerions en traineau à chiens et que nous irions probablement pêcher sur le lac gelé. Hervé s’exclama comme un enfant avec de grands cris de hourra. Mikko, le gronda gentiment tout en souriant à ses exubérances. En Finlande en général, les gens sont calmes et discrets et il n’était pas très bien vu de s’agiter comme le faisait Hervé. Je me souviens m’être fait la réflexion que pour une fois, ce n’était pas moi la source d’attention. J’ai même songé que ce voyage m’avait peut-être fait grandir un peu ! Par contre, il était clair qu’Hervé, lui, retrouvait son âme de petit garçon !
Un programme taillé sur mesure
Hervé, qui avait été gentiment remis en place après son débordement de joie, changea brusquement de tête et s’inquiéta pour son retour en Suisse. Mikko lui rappela que son vol décollait à 20h d’Helsinki et qu’il y avait cinq vols par jour entre Ivalo et Helsinki et que par conséquent, il arriverait en temps et en heure pour prendre son vol international.
Mikko se tourna ensuite vers moi et m’annonça :
– Quant à toi ma jolie, à partir de samedi, tu continueras ton périple en solo car moi, je vais devoir rentrer à Helsinki avec Hervé. Mais pas d’inquiétude, nous allons loger chez des amis à moi. Ils s’occuperont bien de toi. Il y a, pour l’instant, que deux petits hôtels à Rovaniemi, mais plusieurs chambres chez l’habitant. Tu pourras en faire le tour avec mon ami Sven, notre hôte. Il ne parle que l’anglais, mais vous allez bien vous entendre, j’en suis sûre. Sa fille étudie le français, tu pourras échanger avec elle.
– Ne t’inquiète pas Mikko, ça va aller, j’en suis certaine. Tout m’a l’air parfait. De toute façon, j’ai ton téléphone, je ne manquerai pas de t’appeler si j’ai des soucis !
– Oui, bien entendu. D’ailleurs, tiens, prends cette carte, c’est ma carte privée avec mon numéro privé. J’ai congé dimanche et lundi. Tu ne pourras pas me joindre sur le numéro du bureau. Bon ensuite, après avoir visité les hôtels du coin, je te conseille de te faire des amis et de vivre un peu la magie de Noël sous nos latitudes. Si tu ne crois pas aux Contes de Noël chez toi en Suisse, il y a de forte chance que cela change après un séjour ici !
Une belle amitié s’installe
Moi je passe Noël avec ma famille, mais je pense venir te rejoindre soit le 25 au soir soit le 26. Je rentrerai en avion avec toi le 27, le jour de ton retour pour Genève. Ça te va comme programme ?
– Tout est parfait Mikko comme toujours. Je te remercie sincèrement pour tout ce que tu as fait pour nous. C’est juste incroyable. Je vais être très triste de partir car j’aurai le sentiment de laisser derrière moi un ami cher !
– Virginie a raison. Je ressens exactement la même chose qu’elle. On dirait que l’on te connait depuis toujours alors qu’il y a une semaine, on ne te connaissait même pas. Dire que notre Tyran d’ex-patron voulait faire de ce séjour pour Virginie une punition !
– C’est vrai, Hervé, tu imaginais ça toi ? pas moi ! Quand je pense aux larmes que j’ai versées… c’est en partant d’ici que je vais pleurer !
– Je suis très touché par vos paroles les amis et par votre sincérité. Nous sommes un peuple très hospitalier. Je pense que plus le climat est rude, plus les gens sont chaleureux. Ce n’est que mon idée, que je n’ai jamais pu vérifier d’ailleurs, dit-il en riant.
– Je pense que tu n’as pas tort, rétorquai-je amusée. Mais tout de même chez toi, il y a un petit truc en plus…
Bilan de la visite d’Helsinki
– C’est mon métier qui veut ça je pense. Mais je dois vous dire qu’avec vous deux tout a été très facile. J’ai eu aussi très vite le sentiment de vous connaitre depuis toujours. C’est probablement cela l’amitié. Je pense que nous ne sommes pas simplement des partenaires en affaire, nous avons tissé des vrais liens amicaux. En tout cas, je viendrai ce printemps faire un tour en Suisse, je compterai sur vous deux !
– Avec grand plaisir mon ami, lui répondit Hervé en lui donnant une grande tape dans le dos.
Après cet échange très agréable, nous avions fait le bilan de nos visites et choisi les quatre hôtels que nous voulions inclure dans notre futur catalogue en plus évidemment des deux maisons d’hôtes. Nous avions donc le Kämp plus trois autres établissements de quatre à cinq étoiles, et quatre hôtels de coût moyen et classique répartis à différents endroits stratégiques de la ville. Pour finir, nous avions sélectionné les deux maisons d’hôtes à des prix défiants toutes concurrences. Ce qui me chagrinait un peu, c’était l’isolement de la maison de la forêt. Il fallait obligatoirement une voiture pour y loger. Mikko me rassura car il avait parlé en amont avec le couple. Il lui avait dit, qu’inclus dans le prix, il y avait deux transferts par jour, à convenir la veille avec le couple, entre la maison et la gare située dans la petite agglomération que nous avions traversée pour nous rendre dans leur maison. Il y avait vingt-cinq minutes de train pour rejoindre Helsinki, et un train chaque heure. Hervé et moi avons validé définitivement cette option.
Bienvenue en Laponie
Nous avions quitté la région des lacs et le train filait à travers les immenses forêts. Mikko nous informa que nous allions entrer sur le territoire de la Laponie et que les forêts se feraient plus rares. Le paysage allait s’adoucir pour faire place à de grandes étendues de prairies et rivières… toutes recouvertes de neige en cette saison.
Finalement le train ralentit la cadence, nous étions enfin arrivés à Rovaniemi la capitale de la Laponie.
– Bienvenue en Laponie, Virginie me souffla Hervé en souriant !
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie !
Stéphanie
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