VIRGINIE EN LAPONIE
Inquiétude météorologique !
– Alors Mikko que fait-on aujourd’hui ? interrogea Hervé.
– J’ai programmé la visite des deux hôtels à voir de jour. À partir de demain, le temps va se gâter. Il risque même d’y avoir une tempête de neige d’ici à la fin de la semaine.
– Ah oui ? Eh bien… j’espère que je vais pouvoir prendre mon avion samedi, s’inquiéta Hervé.
– Ne t’en fais pas, même lorsqu’il y a des tempêtes de neige, l’aéroport ne reste jamais fermé très longtemps. On a l’habitude ici de déneiger rapidement la piste et traiter pour le gel. Au pire, je te trouverai un vol dimanche.
– Et moi ? la suite de mon voyage, je le ferai en avion ?
– C’est initialement ce que j’avais prévu pour toi. Cependant, lorsque j’ai vu hier comme tu avais l’air émerveillée par tout ce que tu découvrais, j’ai songé que le train serait parfait. En effet, tu pourras admirer tous les paysages. Mais on en reparlera d’ici là. Je te proposerai un ou deux programmes différents et tu choisiras. Bon si on y allait ? Le soleil ne va pas tarder à se lever et j’aimerais beaucoup vous en faire profiter devant un beau décor.
Visite de la cathédrale luthérienne
Nous avons donc commencé notre journée par la visite de la cathédrale luthérienne. Cette cathédrale était toute blanche, de style très épuré avec une grosse coupole centrale et quatre petites coupoles, les cinq étaient flanquées de dômes de couleur verte. Il y avait des colonnades de chaque côté de la bâtisse qui m’ont fait penser au Parthénon d’Athènes. Cette cathédrale se situait à l’entrée du parc du Sénat. Nous nous sommes assis un moment sur un banc face à ce magnifique bâtiment. La luminosité avec le soleil qui venait à peine de se lever était presque mystique. Notre banc était encore dans l’ombre alors que la cathédrale brillait déjà sous les timides rayons de soleil qui l’éclairait en biais, provocant une sorte de rayon céleste pointant une direction. Dans mon vocabulaire imagé, j’appelais cela le doigt de Dieu.
Mikko nous avait demandé de rajouter quelques couches à notre tenue parce que nous allions passer une bonne partie de la journée à arpenter les rues de la ville à pied. J’avais donc troqué mon bonnet de laine contre ma chapka de fourrure et je m’en félicitai, car il ne faisait pas chaud du tout. Les températures étaient descendues de plusieurs degrés. Mikko nous expliqua qu’il en était souvent ainsi avant une tempête. Les températures remonteront rapidement pour se stabiliser aux alentours des zéros degrés… la neige tombera en quantité ! Hervé avait repéré un petit stand où ils vendaient de la nourriture, on pouvait humer l’odeur du café depuis notre banc.
Encas étonnant et café chaud
Mikko, qui avait compris qu’Hervé et moi étions franchement intéressé par une boisson chaude, s’en alla en direction du marchand. Il revint avec un petit carton dans lequel il y avait trois cafés brûlants, et deux pâtisseries non identifiables pour les petits suisses que nous étions. Mikko nous expliqua qu’il s’agissait d’une spécialité locale très populaire que les gens dégustaient au petit déjeuner, mais aussi à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ! Cette curiosité s’appelait un “Karjalanpiirakka”.
C’était une sorte de croûte de seigle farcie de porridge de riz. Notre super guide nous expliqua qu’il y avait plusieurs variantes dont certaines farcies avec de la purée de pommes de terre et une sorte de beurre à l’œuf.
Hervé a remercié chaleureusement Mikko pour cette délicate attention et se saisit d’une des deux pièces. Il me regarda en faisant une drôle de moue avant de croquer dans sa pâtisserie fumante. Je l’imitai aussitôt.
– Alors ? demanda Mikko avec un peu d’inquiétude dans la voix.
– Bof ! répondit Hervé. Excuse-moi Mikko, mais je ne raffole pas de ton porridge encroûté !
Mikko sourit et me regarda avec des points d’interrogation dans les yeux.
– Mmm oui, ce n’est pas mauvais, redondai-je poliment en souriant. Mais pour l’instant, de tout ce que j’ai goûté ici, il arrive en dernier du classement !
– Ok les amis, nous dit Mikko. Il marqua une pause, l’œil un peu sévère. Hervé et moi nous regardâmes avec beaucoup d’appréhension. Dans ma tête, je m’étais dit que peut-être bien qu’involontairement, nous venions de flinguer une future collaboration pour un stupide porridge fumant.
Mikko à de l’humour !
Puis Mikko changea d’expression, et à notre grande surprise, il éclata de rire et nous balança :
– Oh la tête que vous faites, vous êtes à mourir de rire ! Je voulais vous annoncer que moi, je déteste ce truc !
– Sérieusement ? lui avais-je dit sur un ton un peu vexé. Ben pourtant c’est…
– C’est bon Virginie, souffla Hervé en riant aussi, tu n’es pas obligée de faire semblant, puisqu’il t’a dit qu’il n’aimait pas ça !
Mikko nous rappela ses origines suédoises et non finlandaises. Il nous dit que c’était un truc culturel. Le petit casse-croûte que les grand-mères préparaient au coin du feu et que si on n’avait pas vécu cette tradition, le plat perdait un peu de son charme. Je lui ai dit que c’était probablement comme la fondue chez nous. Il acquiesça, nous disant qu’il n’était jamais allé en Suisse, mais qu’il avait eu l’occasion de manger une fondue savoyarde, lorsqu’il était étudiant en France. Il n’avait pas beaucoup aimé ! Hervé et moi nous sommes regardés en souriant, mais nous avons fait taire notre chauvinisme naissant. Mikko qui était suffisamment intelligent et perspicace compris notre échange silencieux et ajouta :
– Ok, je vais venir en Suisse bientôt et je compterai sur vous deux pour me faire goûter la meilleure fondue de tous les temps. Car je suppose que pour vous la fondue ne peut que être Suisse, c’est ça ?
– Oui ! avons-nous répondu en chœur.
Après ce joli moment de complicité, nous avons repris notre chemin et sommes allés visiter les deux hôtels qui étaient dans notre programme du jour.
Chasse aux hôtels
Nous avons beaucoup apprécié ces deux établissements et avons demandé à recevoir une ébauche de contrat. Notre compteur d’hôtel affichait dès lors un total de quatre en incluant le Kämp où nous logions. Hervé nous fit la remarque qu’un cent pour cent de réussite, c’était un bon score. Mikko renchérit en nous disant que le lendemain, nous aurions une grosse journée de visite puisqu’il avait prévu une dizaine d’hôtels. Il nous expliqua que pour l’instant, nous avons des établissements de très bonne catégorie et que nous allions attaquer les hôtels un peu plus modestes. Il nous réservait aussi deux visites chez des particuliers en banlieue d’Helsinki. Hervé était un peu réticent à cette idée qui selon lui ne correspondait pas aux attentes de Nouki voyages.
J’intervins en lui disant que je n’étais pas d’accord. J’argumentai en expliquant que c’était une destination innovante et que nous offririons à nos clients du rêve. Le rêve, ce n’était pas uniquement du luxe, et j’étais persuadée que si Mikko avait pris la peine de nous proposer ces deux visites, c’était qu’il devait bien y avoir un petit truc en plus que nous découvririons le lendemain. Mikko appuya ma réflexion en demandant à Hervé de lui faire confiance et que lui non plus n’avait pas de temps à perdre.
Le port et la cathédrale orthodoxe

Il était 14 heures lorsque nous eûmes terminé notre tournée et Mikko nous demanda si nous avions encore assez d’énergie pour aller visiter une deuxième cathédrale qui selon lui valait aussi le déplacement. Il s’agissait cette fois-ci de la cathédrale Uspenski. Un monument orthodoxe cette fois.
Nous avons parcouru la distance qui nous en séparait en tramway. Mikko nous expliqua qu’un métro était en projet, mais qu’il faudrait encore plusieurs années avant qu’il ne soit opérationnel. La cathédrale Uspenski se trouvait à deux pas du port sur une petite colline qu’il fallait grimper. Le contraste avec la cathédrale luthérienne visitée le matin même était très parlant.
Cette bâtisse était en briques rouges d’un style architectural néo-byzantin. Il y avait une grosse coupole, un clocher, et plusieurs petites tourelles. L’intérieur était magnifique. Je n’avais jamais visité de cathédrale orthodoxe et j’étais subjuguée par cette riche décoration. Nous nous sommes un peu attardés à l’intérieur, non seulement pour ne rater aucun détail, mais aussi pour faire le plein de chaleur, car Mikko nous avait proposé d’aller nous promener sur le port et de terminer par une visite à l’un des marchés de Noël. La journée n’était pas terminée, mais je me sentais déjà K.O. Il faisait nuit, mais il était à peine 16h30 !
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie !
Stéphanie
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