VIRGINIE EN LAPONIE
Un réveil en fanfare !
BOUM-BOUM-BADA-BADA-BOUM-BOUM-BOUM…DRIIING-DRIIING !
Quel drôle de bruit font ces tambours, m’étais-je dit. Je réalisai subitement que le dring-dring que j’entendais n’avait rien à voir avec mon rêve d’Escalade. Le bruit provenait de mon appartement. Je me levai à la hâte et me précipitai au salon où se trouvait mon téléphone.
– Allo, ma chérie ? m’interpella la voix enjouée de ma maman. Tu dors ?
– Plus maintenant, maman ! J’étais sur le point de lancer un caquelon de fondue sur la tête de Francis Martin au son des tambours et fifres lorsque la sonnerie du téléphone m’a interrompue !
– Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ma fille ?
– Oh, ce n’est rien maman, je rêvais, voilà tout ! Que se passe-t-il ?
– Regarde par la fenêtre ma puce !
Je m’exécutai en frottant mes yeux encore pleins de sommeil et de rêves prometteurs.
– Oh, zut alors ! m’écriai-je en voyant la bonne couche de neige qui enveloppait le paysage semi-urbain de ma Cité. Quelle heure est-il ?
– Il est 9h, ma chérie. Tu m’as bien dit que ton avion décolle à 14 h 30 ?
– Oui, tout à fait. Enfin si toutefois il y aura bien un avion aujourd’hui !
– C’est pour cela que je t’appelle. Lorsque j’ai ouvert les yeux et vu toute cette neige, j’ai immédiatement pensé à toi et ton voyage. J’ai appelé l’aéroport ! Pour l’instant les vols sont soit annulés, soit retardés…
Un taxi inattendu
– Oh non ! C’est bien ma veine !
– Mais, attends, tu ne m’as pas laissé terminer ! Normalement, la piste est pratiquement entièrement déneigée et comme il ne devrait plus tomber de neige avant ce soir, le trafic va reprendre normalement d’ici environ une heure. Il n’est donc pas impossible qu’il y ait un peu de retard, mais en principe, tu vas pouvoir partir. Ils m’ont donné le numéro de Swissair. Appelle-les pour en avoir le cœur net. Maria, Franco et moi, on passera te chercher vers 11h30, car les routes ne sont pas encore vraiment praticables. Autant te dire qu’il n’y a pas de bus !
– Oh, maman ! Tu es un ange. Je vous adore toi et Maria ! Que ferais-je sans vous deux, j’ai de la chance de vous avoir.
– C’est normal ma puce. Bon, prépare-toi et n’oublie rien surtout. Prends un bon petit déjeuner et attends-nous sagement.
– Oui, maman. Je me prépare et j’attends. Pour le petit déjeuner, je vais prendre un joker. Je n’ai plus rien de digne dans mes placards ! On boira un café ensemble à l’aéroport, je pense que j’aurai largement le temps, notamment s’il y a un peu de retard. À tout à l’heure douce petite mère.
Enfin le grand départ
Je raccrochai sans lui laisser le temps de me gronder pour le petit déjeuner. Si j’avais écouté ma mère, je ne serais jamais partie de chez elle. Pourtant, parfois, j’ai l’impression d’habiter encore avec elle tant nous sommes proches… un peu trop peut-être. La mort de papa est certainement la conséquence de notre fusion. Après tout, ce n’est pas grave. Lorsque l’on devient orpheline très jeune, on apprend vite à reconnaitre l’importance de nos “vieux” comme le disent Charlotte et Monique en parlant des parents ! Ces deux pestes sont des petites filles gâtées à qui il n’est jamais rien arrivé de fâcheux dans leurs existences. Un jour assurément, elles comprendront. En attendant, je me laisse traiter de « gros bébés » de bonne guerre. Sûrement qu’elles sont jalouses, voilà tout !
À 11h30, comme annoncé, je vis la voiture des Bianco pénétrer dans le parking devant mon entrée. J’ouvris la fenêtre et je fis un coucou à Franco pour lui signifier que je les avais vus et que j’allais descendre. Je tirai et poussai ma grosse valise comme je le pouvais, car elle était bien lourde. J’avais mis le nécessaire pour le trajet en avion ainsi que le matériel photo et vidéo dans mon sac à dos tout neuf au logo de Nouki Voyages. Je verrouillai ma porte et je descendis. Je trouvai maman, Maria et la concierge, Madame Pichon, en grande discussion avec Jean-Claude, notre gentil facteur.
Comité d’accueil pour un départ sous la neige
– Ah ! Voilà notre grande voyageuse, me lança-t-il joyeusement ! Alors comme ça ton patron t’envoie passer Noël au Pôle Nord ! Quel drôle d’idée ! Il faudra que tu me racontes comment ils font là-bas pour distribuer le courrier aux gens ! Dix centimètres de neige ici et je galère, moi ! Il rit bien fort de sa grosse voix chaude et chaleureuse, ce qui nous fit rire aussi.
– Bien sûr, je ne manquerai pas de vous raconter tout cela à mon retour. Je pourrais même vous envoyer une carte postale, facteur ! Pour une fois, c’est vous qui en recevrez une.
– Oh, vraiment ? Ça me ferait énormément plaisir ! Pas besoin de t’embêter avec une adresse. Écris juste Facteur Jean-Claude, poste du Lignon et le code postale. C’est moi qui trie le courrier de toute façon !
Je souris à sa demande et lui promis une jolie carte ! Franco qui attendait dans la voiture le moteur en marche à cause du froid, vint à la rescousse pour m’aider avec mon énorme valise.
– Ma, tou a mis quoi là-dedans ? Des pizzas pour nourrir les Rennes du Père Noël ou quoi ? me dit ce dernier sur un ton enjoué.
Maria comme à son habitude traita son mari de “stupido”, puis elle nous lança en riant :
– Celui-ci, c’est tout pour la “pancia”, et elle appuya son affirmation par une petite tape sur son propre ventre !
Un départ plein d’émotions
La route bien que glissante était suffisamment dégagée pour nous permettre d’arriver sans encombre à l’aéroport. Ainsi, à midi, je faisais déjà sagement la queue pour effectuer mon enregistrement. Arrivée devant l’employée du check-in, j’eus la bonne surprise d’apprendre que j’avais une place en classe affaire ! Je n’étais absolument pas au courant. Je me suis demandée s’il s’agissait d’un cadeau d’au-revoir du Tyran-Martin ou si c’était la Direction de Nouki voyages qui voulait me faire un cadeau de Noël ! Peu importe, je prenais volontiers cette faveur pour mon compte ! J’en avais assez bavé avec le comportement de mon Patron.
Trente minutes plus tard, nous étions attablés tous les quatre autour d’un petit lunch improvisé au café de la Terrasse, avec vue sur les pistes. Cet endroit aussi m’évoquait des souvenirs nostalgiques. J’avais une vague réminiscence de ma toute première fois ici avec mon papa. Il m’avait payé une crêpe au chocolat que j’avais dégustée debout sur la banquette face à la vitre donnant sur la coursive puis au-delà sur la piste ! Je me suis souvenue qu’à partir de ce jour-là, je disais à qui voulait l’entendre qu’un jour, je serai pilote de “gros navion”.
L’heure de partir arriva rapidement et je pris congé de ma famille. Je serrai fort ma maman dans mes bras, et soufflai à Maria de bien veiller sur elle. Elle me rassura d’une petite tape sur la joue et je m’éloignai en direction du contrôle de douane. J’avais une furieuse envie de pleurer sans savoir si c’était de tristesse, de laisser maman seule en période de fête, la joie du voyage ou le trop-plein d’émotions de ces derniers jours. Certainement un doux mélange de tout cela.
Surprise ! Qui est là ?
Notre vol partit avec à peine un petit quart d’heure de retard dû au flot d’avions qui atterrissait à la queue-leu-leu ! L’aéroport de Genève avait la particularité de n’avoir qu’une seule piste orientée est-ouest et le trafic se faisait en alternance dans un sens ou l’autre selon les conditions météo. Le voyage fut agréable et sans encombre. Je m’endormis rapidement, bercée par le doux ronronnement des moteurs. Nous avons atterri à Helsinki à 18h40 heure locale, donc avec une heure de plus qu’à Genève. Alors que je suivais le flot des passagers pour rejoindre les tapis de restitution des bagages, j’entendis soudain une voix familière derrière moi :
– Virginie ! Ohé, Virginie…
Je me retournai et scrutai la foule dans la direction de la voix. Je ne remarquai personne de connu. Comment aurais-je pu d’ailleurs connaître quelqu’un, je n’avais jamais mis les pieds en Finlande ! Je sentis subitement une main qui m’agrippa fermement l’épaule et je humai rapidement un parfum masculin qui m’était familier. Je m’arrêtai et découvris hébétée mon collègue Hervé.
– Hervé ? Mais que fais-tu là ?
– Eh bien, tu vois ? Je t’accompagne !
– Ah ! Mais on ne m’a pas prévenue. Comment se fait-il que…
– Oh ma chère, c’est une longue histoire que je te raconterai plus en détail autour d’un bon repas tout à l’heure. Allez, viens, ne tardons pas. Nous sommes attendus par un chauffeur. J’ai l’impression que nous allons bien nous amuser mais surtout faire du bon travail tous les deux ! Bienvenue au pays des rêves ma jolie !
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie !
Stéphanie
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