VIRGINIE EN LAPONIE
Une brochure qui prend forme
L’expédition de récupération des clichés m’avait fait beaucoup de bien. J’étais à nouveau pleine d’énergie et bien décidée à terminer cette fichue brochure. Je m’étais immédiatement attaquée à la délicate tâche de tri des photos. J’ai pu constater que Marc avec griffonné quelques annotations au dos de certaines prises. Je fis assez rapidement une sélection, puis je numérotai mes clichés. J’insérai ensuite les négatifs dans une chemise appropriée. Puis je pris soin de numéroté également chaque négatif au feutre indélébile avec le numéro de la photo correspondante. Je m’attelai ensuite à la mise en place dans le grand cahier à spirale qui me servait de maquette du catalogue. Je découpai tous mes tableaux de tarifs que j’avais déjà calculé la veille.
Dans la brochure, il y avait non seulement le Marché de Strasbourg, celui de Colmar, mais aussi la fête des oignons à Berne, le Christkindlesmarkt à Nuremberg, en Allemagne. Pour Colmar, aucun changement à faire. Patricia m’a donné la maquette précédente, il fallait juste reproduire ce qui avait été fait. Pour Berne, Marc m’a demandé d’ajouter l’hôtel de la Tête de Lion, car il était très demandé par nos clients. Il avait négocié le contrat par téléphone juste avant notre départ. Patricia m’informa qu’elle avait reçu ce matin, au courrier, les clichés de l’hôtel à inclure. Pour le marché de Nuremberg, aucun changement. Les gens venaient de loin pour visiter un des plus anciens marchés d’Europe. Ce produit était une valeur sûre de notre agence, on ne change donc pas une équipe gagnante !
Le pervers se démasque
À 16h, j’avais terminé toute la mise en page de la maquette. Il ne restait plus que les textes à dactylographier. Ce n’était pas une mince affaire. En effet, lorsque je devais taper les programmes de vacances de mes clients, c’est la dactylo qui me faisait perdre beaucoup de temps. Je n’étais pas douée pour ça !
Alors que je venais tout juste de fermer mon grand cahier à spirale me servant de maquette Francis Martin pénétra dans mon bureau. Je tenais à la main une feuille A4 que j’allais introduire dans la machine à écrire.
– Alors ma petite ! On s’en sort ! s’exclama le tortionnaire vicieux. Où en êtes-vous ? Dois-je mettre le champagne au frais et commander vos billets pour votre mission, ou je prépare votre lettre de congé ?
– Je… heu… faites ce que vous voulez, mais laissez-moi travailler ! Le délai n’est pas encore terminé. Nous sommes seulement mercredi, Monsieur. Revenez demain matin en fin de matinée me poser la question, lui répondais-je sur un ton très sec et glacial.
– Eh bien, Virginie rouspète maintenant ! Parfait. J’avais une suggestion à vous faire, dans le cas où vous vous sentiez débordée et ne pensiez pas y arriver… Quelque chose qui pourrait vous sauver la mise !
– Pardon ? Je ne comprends pas ! Qu’avez-vous à me proposer, encore un changement de programme ?
– Non, pas vraiment ! Aimez-vous l’opéra ? Que diriez-vous de m’accompagner ce soir au Victoria Hall ? Ainsi, demain, j’appellerai quelques personnes pour vous aider à boucler cette misérable brochure et nous ne reparlerons plus de cette histoire !
Virginie se défend
Bien que je fusse parfaitement au courant de ses pratiques tordues, j’en restai bouche bée. Je me ressaisis et lui jetai au visage ma réponse laconique :
– Non !
– Pardon ?!!
– Il n’en est pas question ! Vous avez parfaitement bien entendu ! Je suis prise ce soir, et je le serai aussi tous les autres soirs si c’est vous qui me le demandez ! Quant à votre brochure, elle sera sur votre bureau demain midi ! Maintenant si vous voulez bien me laisser travailler et sortir de mon bureau. Il n’y a rien à voir ici, merci !
Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais largement haussé la voix et que j’étais debout face à lui, les poings serrés, le front rouge de colère et les yeux lançant des éclairs. Il ne manquait plus qu’un peu de fumée sortant de mes naseaux pour me donner un air de dragon furieux ! Mes cris avaient attiré tous les collègues de l’étage, ainsi que Françoise qui se trouvait à ce moment-là dans la cage de l’escalier. Tous me regardaient, sidérés, mais avec une pointe de satisfaction dans leurs yeux. Francis Martin était pâle comme la mort.
Hervé qui avait compris que la situation pouvait basculer d’une seconde à l’autre se mit à applaudir. Tout le monde suivit le mouvement. Puis, il y eut des félicitations prononcées à voix basse, mais audibles de tous.
– Bravo Virginie !
– Oui Bravo, ça devait arriver…
Les voix se turent au moment où Francis Martin leva la main en un geste sec pour stopper les clameurs !
– Suffit ! Retournez tous au travail. Le spectacle est terminé. Virginie demain midi dans mon bureau avec la brochure ! Sinon, vous ramasserez vos affaires et disparaitrez !
Il claqua des talons et ressortit de mon bureau la tête haute, mais la queue entre les jambes… Et ce n’était pas qu’une expression !
Du soutien pour Virginie
Françoise me fit signe par le chambranle de la porte qu’elle allait me téléphoner.
En effet, cinq minutes plus tard, mon téléphone sonna, c’était Françoise. Elle s’inquiéta de savoir comment j’allais et me félicita pour mon courage.
Ensuite, elle me fit part de ses réflexions, quant aux pratiques vicieuses de notre Patron. Elle affirma qu’après cette scène, il n’oserait plus. Le numéro deux de la boîte étant Marc, elle m’annonça qu’Hervé allait lui faire un rapport ce soir et lui demander d’écrire à la Direction Générale de Nouki voyages. Elle s’enquit ensuite de l’avancée de mon travail. Je lui expliquai que j’avais tout fait excepté les textes à taper. Elle me donna plein de conseils pour faire au mieux et au plus vite. Elle me rappela, par exemple, de ne pas oublier de faire un carbone. L’original allait dans la maquette et le carbone pour le typographe ! Elle me confirma qu’à 19h elle serait là pour m’aider à taper, ainsi que Patricia. À trois, nous aurons vite terminé, d’autant plus que je pouvais déjà commencer ! Je me remis donc à la tâche, le cœur léger.
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie
Stéphanie
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