VIRGINIE EN LAPONIE
Une agréable collaboration
La rencontre avec l’équipe de Incoming Finland avait été très chaleureuse et conviviale. Nous étions ensuite rentrés à l’hôtel où le directeur nous attendait pour une visite guidée de l’établissement. Il y avait de nombreuses suites toutes aussi ravissantes les unes que les autres. La décoration était quelque peu surannée, mais une rénovation de l’hôtel était prévue dans les prochaines années à venir. Nous avons pu prendre de nombreuses photos pour alimenter notre futur catalogue. Il nous fit visiter ensuite les deux restaurants à disposition dans l’hôtel et nous invita pour le repas du soir dans le restaurant gastronomique afin de goûter un menu dégustation.
1ʳᵉ dégustation de la cuisine finlandaise
Le repas que l’on nous a servi était juste incroyable. Ce fut notre première rencontre avec la cuisine locale. La veille, nous avions mangé un club sandwich au Lobby Bar de l’hôtel. Gourmande comme je suis, j’étais bien décidée à goûter à tout ou presque ! Hervé, lui, n’était pas aussi téméraire que moi et il m’avoua qu’en dehors de son steak frites, peu d’aliments trouvaient crédit à son palais. Par contre, il buvait volontiers et s’y connaissait plutôt bien en vins et whisky. Le premier plat que nous avions mangé, était une sorte de hors-d’œuvre de hareng fumé et mariné servi sur une tranche de pain de seigle toasté. Nous avons ensuite dégusté un Lohikeitto. Il s’agissait d’une soupe traditionnelle de saumon, pommes de terre, crème et aneth.
En plat de résistance, nous avons eu des filets de renne snackés accompagnés de légumes racines rôtis et une sauce aux airelles légèrement relevée. Bien entendu, je mangeais du renne pour la première fois, mais certainement pas la dernière, car non seulement j’ai trouvé ça délicieux, mais apparemment le renne s’invite quasiment dans tous les plats quotidiens en Finlande. L’assiette qu’on m’a servie m’a fait penser à un plat traditionnel de chasse. D’ailleurs, le goût du renne est assez similaire à celui du chevreuil, mais plus fin et plus délicat encore. Hervé, tout d’abord boudeur, s’était résolu à goûter à son assiette et il a finalement apprécié.
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es !
En guise de digestif, on nous a servi un petit verre de Koskenkorva vina. Il s’agit d’une variété de vodka locale. J’ai eu beaucoup de mal à le boire, car je n’apprécie pas beaucoup les alcools forts. J’ai profité de ce menu pour exprimer à Hervé mon envie de révolutionner un peu la présentation des brochures de Nouki voyages que je trouvais un peu trop conventionnelle et sans fantaisie. Je lui ai exposé mes arguments, à savoir qu’il fallait innover avec ce produit. En effet, personne d’autre que nous n’avait encore popularisé le tourisme d’hiver en Laponie et par conséquent, il fallait y mettre une touche de magie dans ce que nous présenterions. Pour moi, allez à la rencontre d’un peuple, d’une ethnie, c’est aussi s’ouvrir à sa cuisine. Je lui ai cité la célèbre phrase de Brillat-Savarin qui disait : “dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es !”
Hervé, le testeur de whisky
– Eh bien ma chère Virginie, tu n’as pas fini de me surprendre ! Donc si j’ai bien compris, tu as pris des photos de ce que tu as mangé dans le but d’en utiliser certaines pour notre brochure, c’est ça ? me demanda Hervé, amusé par mes idées farfelues.
– Exactement. On pourrait imaginer introduire un petit lexique culinaire au début du catalogue. Nos brochures se présentent toujours de la même manière. Il y a la présentation du pays, les langues parlées, la monnaie, les religions, la capitale, etc. Ça reste des données balancées de manières assez encyclopédiques. J’aimerais y mettre des couleurs, vois-tu ? Je vais essayer de prendre de superbes photos des gens, des fêtes, un mariage si on a la chance d’en croiser un, pourquoi pas même un cimetière, et bien entendu la cuisine ! Il faut éveiller la curiosité des gens; leur donner envie de découvrir cet endroit et les gens qui y vivent. Pas seulement leur vendre les jolis draps de l’hôtel et la statue du hall d’entrée ! Tu me comprends ?
– Tu es une rêveuse ma chère ! Mais je bois tes paroles et j’ai envie de te faire confiance.
Après cet échange fort intéressant, je suis allée me coucher. Hervé, quant à lui, avait décidé de mettre immédiatement mon idée en pratique en restant au bar pour déguster la carte des whiskys et en dresser une liste par ordre de qualité gustative !
Hervé a trop testé…
Nous avions convenu que nous prendrions notre petit-déjeuner à 8h chaque matin afin d’être prêt à partir lorsque Mikko viendrait nous chercher. Le soleil se levait environ vers 9h pour se coucher aux alentours de 15h30. Nous n’avions par conséquent pas énormément de temps pour visiter la ville sous la lumière du soleil. Il était 8h45 lorsque je décidai de remonter dans ma chambre pour préparer mon sac à dos, ramasser ma parka et mon bonnet à pompon. Je n’avais pas encore vu Hervé et j’avais pris mon petit déjeuner seule. Une sorte d’intuition me poussa à téléphoner dans sa chambre. Comme j’ai bien fait ! Il dormait encore en cuvant les vapeurs de tous les whiskys avalés la veille.
Je descendis au petit salon devant la réception pour attendre Mikko et laisser le temps à Hervé de nous rejoindre. Mikko arriva exactement à l’heure prévue, soit à 9h tapantes. Il m’informa que nous avions de la chance, car le temps ce matin était exceptionnellement doux et ensoleillé et par conséquent, nous en profiterions pour aller visiter Suomenlinna. Comme la météo annoncée pour la fin de semaine n’était pas très bonne, Mikko me confirma son choix d’y aller ce jour.
Suomenlinna
Il m’expliqua que Suomenlinna était une forteresse construite sur une île au sud de la Ville. Elle servait autrefois au Royaume de Suède lorsqu’Helsinki leur était acquise pour surveiller une éventuelle invasion russe par la mer. Les eaux du port étaient gelées à cette époque de l’année, mais les ferrys étaient équipés de brise-glace qui permettaient en principe la navigation même en plein hiver. Selon le programme que Mikko avait établi, nous serions de retour vers 13h. Il me proposa un choix d’une dizaine d’hôtels à visiter cette semaine et me signalant que trois d’entre eux valaient la peine de voir de jour, car ils jouissaient d’une jolie vue sur la ville ou le golfe Baltique. Je fis une première sélection selon mes goûts et critères. Lorsqu’Hervé nous rejoignit enfin avec vingt bonnes minutes de retard et une belle gueule de bois, nous lui avons proposé la liste pour qu’il nous donne son avis.
Nous nous sommes mis en route pour profiter au plus vite de ce temps de carte postale que nous offrait cette journée. J’ai adoré me promener sur les remparts de la forteresse. J’ai usé une pellicule entière dans cet endroit tellement j’ai apprécié. Moi qui croyais que j’allais passer deux semaines dans la blancheur immaculée, sans contraste, le tout par un froid polaire… en résumé en enfer ! Je découvrais avec émerveillement une richesse de couleurs qui m’a percutée de plein fouet ! Troisième raclée finlandaise pour moi !
Une symphonie de couleurs
Il y avait tout d’abord le bleu du ciel, plutôt clair ce matin-là avec quelques petits moutons de nuages. De ces petits nuages dont il est facile de les imaginer en lapins joyeux gambadants partout. Puis le bleu profond et sombre des eaux glaciales de la mer Baltique, parsemées de plaques de glaces flottantes que les navires avaient brisées pour se frayer un passage. Les murs de la forteresse étaient d’un brun presque ocre et se détachaient du blanc de la neige. Il y avait de nombreux parcs avec de majestueux arbres parsemés de dentelles de neige. L’île de la forteresse était en fait un quartier d’Helsinki en soi. Il y avait des cafés, des habitants, les remparts et ses tunnels, les parcs, les maisons faites de la même pierre sombre et ocre que les pierres utilisées pour les remparts. Une harmonie incroyable et un calme surprenant. Tout paraissait feutré, lissé comme sur une pellicule photo, et pourtant tellement vivant ! Nous avions pris un café et mangé une de ces délicieuses pâtisserie scandinave dont j’ai oublié le nom. Ces roulades au sucre et à la cannelle vraiment délicieuse avec un bon café saupoudré de cannelle, cardamone et cacao. Comme le temps passait vite, il fallait songer au départ. Nous avions programmé encore trois hôtels pour la journée, dont le premier à voir absolument de jour pour la vue qu’il offrait depuis son restaurant sous les toits.
Acclimatation fatigante
La journée fut bien remplie et je déclinai l’offre de Mikko de nous inviter à manger dehors tant j’étais épuisée. Mikko nous expliqua que c’était de l’acclimatation à cette latitude et ce froid qui nous épuisaient. Un peu comme lorsqu’on fait un séjour en haute montagne et qu’on n’a pas l’habitude de l’altitude ! Je me dépêchai de me coucher, car j’avais hâte d’être au lendemain et de découvrir d’autres merveilles. Je rêvai que j’étais la Reine des Neiges dans le conte d’Andersen.
À demain, pour la suite des aventures de Virginie en Laponie !
Stéphanie
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